« Dieu Poulet »

Nous l’avouons, nous ne connaissions pas, cet objet-ovni qu’est le The Very Experimental Toubifri Orchestra, issu, semble-t-il, des entrailles des théories de la convolution du d’Art-winisme musical et sonore. Une vraie pochette-surprise à effet Mistral-gagnant© explosant notre palais auditif, nous qui sommes davantage habitués aux quatre-quarts nous voici démarrant aux quart de tour voire y montant, foin ici mamie d’explosantes fixes (© Pierre Boulez).
Une sorte de bestiaire anarcho-audiophilique organisé, et surtout, un « best-hier » de la diversité tant les allusions, les emprunts, les citations so vintage y sont nombreuses (Beatles, Zappa, Zapata,…). Une sorte de gros canard déchainé versus bande de canetons en délires structurés. Personnellement, nous leur accordons leur thèse de doctorat en musicologie impliquée !
Ici, bas les masques, la muse ôte le haut, sa muselière, et hurle, telle une BD en sons, son anthropocène-anarcho-libertaire, non sans me rappeler les marmites expérimentales de l’ARFI (y aurait-il un nid jouissif en Rhône-Alpes?) ou le Jazz libre de l’Italian Instabile Orchestra.
Quant au graphisme de la pochette (toujours surprise), haute en couleurs : simplement magnifique ! Elle nous appelle en lettres anthropomorphiques (et non en litres s’entend) Le Livre des êtres imaginaires de Jorge Luis Borges.
J’ai même remarqué en arrière de couv., un-e potentiel-le chef-fe d’orchestre organisant le joyeux zoo du vivant (pléonasme que ces deux mots associés mais nous assumons) que sont ces musiciens-génies des alpages là ! (© F’murr).
Peut-être une ‘tite question : le monde ichtyo-marin (hors mammifères) y est faiblement représenté, pourquoi ? Nous y avons toute fois repéré : poulpe, saumon, baudroie et sèche … diantre, nous ne mourons pas ichtdios !
Et justement, cet opus nous interroge sur la diversité : ne somme-nous pas des êtres uniques remplis de diversités, n’est-ce pas là l’être d’aujourd’hui, multiple dans son unicité, l’âtre-être dont a impérieusement besoin notre planète ?!
Tout sent bon la permaculture, l’écoresponsabilité, le bio, le bonheur du vivant, du vibrant, la joie du riant, le jus de carotte et le cake au potiron (sans le petit plâtrapon gluttenisant). Bref, l’écoute de l’album est à l’égal d’une cure de jouvence.
Les sources ou cellules souches compositionnelles sont autant de greffes réussissant à faire pousser moult fleurs nouvelles.
Côté instruments déployés, hum ? Je pense qu’il manque – et cela s’entend à n’en « poing » douter sur l’étable d’harmonie – un orgue à chat, un mellotron, un cristal Bachet, un hélicoptère (versus Helikopter-Streichquartett de Karlheinz Stockhausen), un batteur à oeuf (versus Boris Vian), … bref, autant de facéties à gouter avec « parci et monie » afin d’en garder un peu pour demain.
Oyez Nobles sieurs et Gente damoiselles, oncques n’ouïr plus joli ouvrage, foin d’amusie à ce conte musical ci pour lequel nous restons si amusé ci. Rien n’est à jeter, un opus 0 déchet, « la faim du monde est proche ? » tampis l’anthroposcène est sauve ! OUF !
Patrick Defossez