Robinson Khoury – Mÿa

Pépite 5 étoiles
Robinson Khoury : Trombone, synthétiseur modulaire, voix, compositions
Anissa Mehari : Percussions, voix
Léo Jassef : Piano, synthé, voix
Invitées :
Lynn Adib : leader vocal sur Qana
Natacha Atlas : leader vocal sur Arazu
Robinson Khoury est un jeune tromboniste lyonnais plein d’énergie, fils de musiciens, qui a fait une ascension fulgurante en jazz ces dernières années. Il a partagé la scène avec Ibrahim Maalouf et Natacha Atlas, Quincy Jones, Bojan Z, Leila Martial entre autres. On le retrouve sur les albums de Laurent Coulondre (« Meva Festa »), Michel Portal (« MP 85 ») et au sein du Sacre du Tympan et de Sarab (un groupe franco-syrien) pour ne citer que quelques exemples.
Plusieurs de mes camarades ont eu la joie de le découvrir l’an dernier en Charente au festival « Respire Jazz » et moi-même l’immense plaisir d’assister à son concert à l’Astrada de Marciac en quintet pour la présentation de son album précédent : « Broken Lines ». Nous étions tous unanimes pour dire que nous avions écouté un musicien hors normes !
Son nouvel album : « Mÿa » est très différent du projet précédent, il nous embarque dans un univers onirique où le jazz flirte avec les musiques anciennes et orientales, mâtinés d’« électro-acoustique » très contemporaine. Ses sources d’inspiration sont les différents éléments de l’univers et leur évolution.
Mes morceaux préférés :
« Cosmos » : Le morceau débute par des effets sonores envoûtants, cosmiques au synthé amplifiant le son du trombone de Robinson Khoury aux phrasés jazz et accent oriental. La voix et les percussions d’Anissa Mehari (entendue précédemment elle aussi avec Leila Martial), le son lyrique du piano de Léo Jassef (un ex collégien de Marciac passé par Paris pour ses études musicales dont en musique contemporaine et electro-acoustique) se répètent à l’envi. Puis Robinson se déchaine, le trombone remplit l’espace en vives volutes sur le support des peaux aux sons itératifs.
« Mÿa » : Titre de l’album, terre poétique de notre compositeur, est une alliance subtile et riche de battements percussifs en boucle, de musique électro, une sorte de cantique fait d’invocations avec voix, chœurs et bruitages lancinants comme adressés à cette terre qui elle aussi répondrait. C’est très beau !
« Qànà » : Les instruments se font légers à l’entame évoquant une musique ancienne, orientale, puis la voix de Lynn Adib (chanteuse et musicienne syrienne au répertoire allant du jazz et la musique arabe et contemporaine) vient nous cueillir, le trombone s’y enroulant en arabesques subtilement mêlées.
« Birth of Noham » : Cette ode à la maternité et à la naissance débute en une douce mélodie sur laquelle le trio conjugue magnifiquement ses voix, Anissa au daf ou zarb, Léo au synthé puis le trombone de Robinson monte en puissance en mélopées amplifiées par des effets. Magnifique exploration des sons dans l’espace mêlant cuivre, peaux, cordes et voix !
« Horizon » : Longue intro chantée ou plutôt scatée par Robinson qui poursuit au trombone par des enluminures douces, Léo nous séduisant par ses accords au piano et synthé !
« Arazu » : Piano et percussions servent d’écrin à l’enlacement de la belle voix de Natacha Atlas (chanteuse belge d’origine égypto-anglaise dont on se souvient de la reprise orientalisée de « Mon Amie la Rose » chantée par Françoise Hardy) avec les envolées modulées du suave à l’énergique du trombone.
Bref, Robinson est un charmeur, un musicien brillant, un compositeur subtil qui révèle aussi ici sa belle voix. Les chemins de traverse sur lesquels il nous embarque permettent un voyage sonore unique dans son univers onirique avec des partenaires de grand talent. Ecoutez vite cet album !
Par Martine Omiécinski
Komos Records sortie le 14 juin 2024
https://www.robinsonkhoury.com/