Monségur le 07 Juillet, la 33e édition des 24 heures du swing est lancée en partenariat avec Action Jazz.
Le festival se déroule sur 3 jours et propose une programmation riche et éclectique, un bon millésime en perspective. Cette première soirée est bouleversée par une météo capricieuse.
Les 3 concerts qui devaient avoir lieu place des tilleuls en plein air ont été par prudence délocalisés sous la verrière de la grande halle.
Fort heureusement, aucun évènement climatique n’est venu perturber cette belle soirée.
Au programme : Eddie Dhaini Quartet, Djangophil guest Christophe Lartilleux, Cyrille Aimée.

Eddie Dhaini Quartet

Vendredi 7 juillet – Halle 19h00

Un jazz sensible gorgé de rythme.

Quel plaisir de retrouver ce jeune groupe de musiciens brillants, lauréat 2023 du Tremplin Jazz organisé chaque année par Action Jazz en janvier au Rocher de Palmer !
Autour d’Eddie Dhaini à la guitare et compositeur de l’essentiel des morceaux joués : Aurélien Gody à la contrebasse, Loïc Guenneguez, mention spéciale du jury du Tremplin, à la trompette et au bugle.
Le batteur Baptiste Castets, absent, est remplacé par Jéricho Ballan.
La démarche du groupe est de proposer une musique épurée, d’explorer chaque son et chaque rythme. Les inspirations sont multiples entre jazz, blues et musiques du monde.
C’est un partage avec le spectateur qui peut laisser libre cours à son imaginaire.
Et nous voici embarqués pour une heure 15 dans un concert où les musiciens ont joué principalement leurs compositions.
Des mélodies simples qui permettent à chacun de s’exprimer dans des solos personnels et sensibles. Chaque instrument est valorisé par les autres.
Le concert a débuté avec A Pédro, morceau léger et enthousiasmant où le thème introduit par la batterie puis la guitare est repris par le bugle avec puissance. Sur le morceau De la Vega au timbre ensoleillé et oriental, le son plus feutré de la trompette est servi par les chorus des 3 autres musiciens. On retrouve un parfum plus nostalgique sur les morceaux Monsieur Blake ou Sedona. La trompette et la guitare aux sons chatoyants et délicats se posent sur des mélodies qui restent longtemps dans l’oreille du spectateur.
Nous sommes captivés par la belle introduction à la guitare de Ligne 13. Eddie Dhaini par son son et son phrasé fait passer beaucoup d’émotion dans chaque note. 
La reprise du morceau de Dario Deidda : From the ghetto aux connotations Reggae souligne s’il en était besoin à quel point le groupe est à l’aise dans tous les répertoires.
Le concert s’est conclu sur Snake Charming couscous. Cette composition de Loïc Guenneguez, introduite par la contrebasse et la batterie nous a emmenés aux confins de l’Orient sous le charme de la voix d’une trompette généreuse et puissante.
Eddie Dhaini quartet, par son talent, son sens du rythme, son évident plaisir de jouer et de partager avec le public a conquis le public de Monségur. 
Nous aurons le plaisir de les retrouver dans la région :
Le 17 septembre au festival d’Anglet, le 5 octobre au pôle évasion d’Ambares, le 6 octobre au festival jazz et Garonne et le 2 novembre au théâtre Olympia d’Arcachon.


Djangophil

Vendredi 7 juillet 2023– Halle 20h30

Djangophil guest Christophe Lartilleux :
Hommage à Django Reinhardt 70 ans après sa disparition.
Profitons de l’occasion pour rappeler en quelques mots que le jazz manouche est un mélange de musique tzigane, musette et jazz. C’est une musique indémodable empreinte de swing, de mélancolie et de dignité.
La guitare est l’instrument essentiel. La contrebasse joue toutes les fondamentales, a un rôle rythmique en complément de la guitare rythmique et donne de la profondeur aux morceaux.
Sur scène, ce soir, la section rythmique est assurée par le trio Djangophil composé de Jean Michel Bourdier dit BIB à la guitare, Bernadette Bourdier dite BB à la guitare rythmique et Jacques Boireau à la contrebasse.
Un invité prestigieux vient compléter la formation : Christophe Lartilleux.
BIB a fondé le groupe Djangophil en 2000, compose et vient de sortir un 13e CD. Basé à Bergerac, il se produit régulièrement en intégrant parfois violon, saxophone ou flute traversière.
Christophe Lartilleux est un guitariste de jazz manouche, fondateur du groupe Latcho Drom.
Il fait partie des meilleurs guitaristes de style manouche actuels et a d’ailleurs été la doublure mains de Reda Kateb dans le film Django.
Devant un public conquis où certains ont même esquissé quelques pas de danse, les musiciens ont joué avec brio de grands classiques du répertoire.
On peut citer les interprétations de Blues en mineur, Minor swing, de Django Reinhardt, Caravan, Bossa dorado du trio Rosenberg ou encore Joseph, morceau traditionnel de jazz manouche.
Une mention particulière pour le morceau Les yeux noirs de Django Reinhardt avec une émouvante introduction à l’archet de Jacques Boireau.
Tout au long du concert, Bib et Christophe Lartilleux ont rivalisé de virtuosité avec une grande complicité. Ils maitrisent à la perfection les ornements du style manouche : Cut, vibratos, appogiatures ou levers de corde. Les morceaux exigeants joués lors de ce concert ont parfois nécessité une grande vitesse d’exécution. La gestion du tempo a pourtant été parfaite. Un beau moment pour les amateurs de jazz manouche !
Cet été, Djangophil se produira notamment le 18 août à Lalinde en Dordogne.


Cyrille Aimée

Vendredi 7 juillet 2023– Halle 22h30

L’étoile montante du jazz vocal.
La transition est facile pour présenter le 3e concert puisque Cyrille Aimée a grandi à Samois-sur-seine, ville d’adoption de Django Reinhardt.
Sa musique s’est ainsi nourrie d’influences manouches.
Après un passage à New York, la jeune chanteuse vit désormais à la Nouvelle Orléans.
Elle a joué dans les plus prestigieux festivals et a gagné le concours international de jazz vocal au Festival de Montreux ainsi que la compétition internationale vocale Sarah Vaughan. Talentueuse swingwoman au style enjoué et à la technique sans faille, Cyrille Aimée pratique le scat. Dans la lignée d’Ella Fitzgerald, elle se livre à des improvisations vocales comparables à celles d’un instrument soliste.
Sur scène, elle est accompagnée pour l’occasion de 3 musiciens :
Hila Kulik au piano, Jasen Weaver à la contrebasse et Yoann Serra à la batterie.


Une parfaite parité, ce n’est pas si fréquent !
Artiste polyglotte, elle chante et compose aussi bien en français qu’en anglais et en espagnol. Elle va démontrer sa capacité à aller vers des répertoires où on ne l’attend pas.
Ses qualités vocales lui permettent de donner une interprétation personnelle à chaque morceau qu’elle choisit.
Dès le premier morceau, For the love of you, une reprise des Isley Brothers, la température est au plus haut dans la salle. Le plaisir d’être sur scène, de chanter, de scatter et de swinger, d’échanger avec les musiciens et le public est communicatif.
C’est un show où les 3 musiciens s’expriment pleinement. Il faut souligner la grande qualité d’interprétation de Hila Kulik, omniprésente et très inspirée sur chaque morceau, notamment sur Faut oublier de Mathieu Chedid. Sur une composition de Cyrille Aimée Undecided, le piano répond du tac au tac aux scats de la chanteuse.
Séquence émotion sur la Javanaise avec juste le piano pour accompagnement. C’est un morceau que Cyrille Aimée chante habituellement avec Michel Valeanu à la guitare. 
Sur If i knew then, une reprise de Dean Martin, le scat répond tour à tour à la batterie et à la contrebasse.
Les morceaux s’enchainent avec toujours cette communication avec le public. Elle nous fait entrer dans son intimité avec Casita de Piedras, chanson consacrée à sa maison du Costa Rica, qu’elle accompagne à la guitare.
Elle propose une magnifique reprise de Lately de Stevie Wonder avec un très beau chorus de Jasen Weaver.
Cyrille Aimée nous présente également la Loop. Il s’agit d’un instrument destiné à reproduire les sons en boucle. Elle l’utilise pour composer et improviser. Nous assistons en direct à une impro sur cette machine. L’artiste maitrise son sujet !
Un invité va faire son entrée en fin de concert. Il s’agit de Stéphane Séva qui joue du washboard. Ancêtre de la batterie jazz, l’instrument sonne comme une paire de claquettes sur Odjus Fechadu, en contrepoint du piano qui s’emballe dans le swing. Sur le morceau du rappel : Almost like being love, Yoann Serra à la batterie lui répond avec talent et énergie pendant que Cyrille Aimée improvise de sa voix lumineuse, pétillante et légèrement boisée un dernier scat.
En bref, un concert de grande qualité. Une artiste généreuse qui chante avec fraicheur et talent.

Un rayon de soleil pour clôturer cette première journée.

Lien vers le podcast de l’émission Jazz d’ici et d’ailleurs de Philippe Desmond consacrée au festival de Monségur :

http://o2radio.ddns.net/o2replay/Emissions/JAZZ%20D’ICI%20ET%20D’AILLEURS/Festival%20Mons%C3%A9gur%202023.mp3

par Christine Moreau, photos Alain Pelletier / tamkka


Galerie photos