Joshua Espinoza – Songs from yesterday
5 étoiles
Joshua ESPINOZA : Piano, compositions
Kris MONSON : Contrebasse, composition (3)
Jaron LAMAR DAVIS : Batterie
Pianiste du sud conservateur des Etats-Unis où il a grandi, et où il a dû lutter contre les tendances racistes (mexicain d’1 côté et des Appalaches de l’autre) et homophobes,
Joshua ESPINOZA s’est réfugié dans la musique pour notre plus grand plaisir.
Son deuxième album (le précédent a été encensé par la critique américaine), est une réflexion, débutée pendant le Covid, sur les sons qui l’ont entouré, sur sa mémoire musicale en quelque sorte. On y trouve le classique (principalement RAVEL), le jazz (Chick COREA et Herbie HANCOCK), la musique folk (des Appalaches) et la pop. Joshua propose un patchwork avec 4 compositions personnelles, 1 de son contrebassiste Kris MONSON et des reprises revisitées de morceaux des BEATLES (LENNON/MAC CARNEY), de Billy JOEL et de Léonard COHEN.
Ses harmonies complexes, ancrées dans les graves lui donnent une façon de jouer originale qui accroche l’oreille rapidement, il partage avec des musiciens de talent : encore une belle découverte !
Mes plages préférées :
« Appalachian Wanderer » de Joshua : ce morceau cristallise exactement le cocktail annoncé avec ses accents ravéliens, jazz et folk des Appalaches distillés harmonieusement. Le piano de Joshua nous entraîne dans un vagabondage parfois comme une chevauchée avec des variations de tempo : des accélérations suivies d’accalmies. Jaron LAMAR DAVIS passe subtilement d’un rythme haché à des sonorités de tambour. C’est à la fois sensible et rythmé.
« Happy song » de Kris MONSON : La mélodie est enjouée, le batteur déploie un magnifique jeu de tambours sur lequel s’envole le piano ancré par la contrebasse.
« Michoacan » de Joshua : Hommage à ses racines mexicaines puisqu’il s’agit d’un état à l’ouest de Mexico s’étendant jusqu’au Pacifique. C’est très rythmé, les influences latino transpirent, les chorus s’enchainent dont un particulièrement réussi à la contrebasse par Kris. Joshua quant à lui, impose en milieu de morceau, avec la main gauche des notes itératives graves participant à la rythmique. Le final en contrepoint se fait tout en douceur et bluesy.
« Eleanor Rigby » de LENNON et MAC CARNEY : reprise plus osée et moins « classique » que celle de « Yesterday » également présente sur l’album mais moins intéressante sur le plan du jeu à mon goût. Après des notes très basses scandées au piano main gauche, et reprises par la rythmique, Joshua joue en pinçant les cordes du piano. Les 3 se lancent dans d’incroyables improvisations que l’on rêve de vivre en concert !
« Don’t fan the flame » de Joshua : Toujours cette main gauche sur les notes basses en accord avec la contrebasse, le batteur étant lui-même très actif. Ça dérape en live, croyez-moi la flamme est attisée ! C’est rapide, inventif, solide et poétique en même temps : super !
« Hallelujah » de Léonard COHEN : Enième reprise me direz-vous, mais pourtant différente. Joshua joue lentement avec beaucoup de ferveur, la contrebasse accentue le côté « recueillement » avec brio, la batterie se fait discrète mais bien présente : très beau !
Bref un disque plein de sensibilité mais aussi de rythme proposant un univers unique.
Jazzfuel sortie 29 septembre 2023
Chronique de Martine Omiécinski,