Jon and John Trio – « Momentary Lapse »

Pépite 5 étoiles

John Massa : Saxophone

Jonathan Soucasse : Piano, claviers

Jérôme Mouriez : Batterie, shekeré

Invités :

Sebastian Quezada : percussions (3,5,6,7)

Kevin Norwood : Chant (7,8)

Jonathan Soucasse est pianiste et compositeur diplômé de musicologie. Il est connu pour sa facilité à créer des liens entre jazz, classique, musiques actuelles et improvisations, il compose notamment pour des chorégraphies et du théâtre.

John Massa saxophoniste issu du conservatoire d’Aix en Provence a d’abord étudié la musique classique puis s’est tourné vers le jazz et les musiques contemporaines, il a joué avec plusieurs musiciens internationaux dont Cyril Benhamou et Julien Lourau. Depuis 2016 il co-dirige le club de jazz marseillais : le Jam.

Jon & John étaient d’abord un duo avant leur rencontre avec LE batteur qu’ils attendaient : Jérôme Mouriez (qui se produit notamment avec Cyril Benhamou).

L’album « Momentary Lapse » (Clin d’oeil à celui des Pink Floyd : « Momentary Lapse Of Reason » ??) a été composé et enregistré par le trio sous la direction artistique du saxophoniste Julien Lourau qu’ils admirent et dont on n’oublie pas la liberté de ton et de jeu avec notamment Bojan Z et Noël Akchoté (groupe « Trash Corporation ») dans les années 1990.

A ce trio s’ajoutent le brillant percussionniste chilien Sebastian Quezada souvent partenaire de Julien Lourau et le chanteur avignonnais, franco-anglais Kevin Norwood à la voix chaude, grave et haute.

Cet album ne ressemble à aucun autre, l’énergie folle mais aussi la tendresse des 3 musiciens nous promènent du jazz-rock (voire même très rock) au jazz-funk en passant par la world music au gré de compositions très originales.

Mes morceaux préférés :

« Good Time » : Démarrage sur les chapeaux de roue avec ce qui pourrait être un « tube » éminemment rock : Jonathan (Jon) jongle follement entre piano et clavier, le sax ténor de John « déflagre » et le batteur Jérôme explose dans un jeu collectif bien construit qui ferait danser même les plus timides !

« Beasty » : Ce curieux mélange de funk, hip-hop et jazz-rock nous épate. Jonathan alterne vivement ou joue ensemble piano et clavier, le saxo brille par sa clarté dans l’urgence, Jérôme envoie ce tempo itératif et haché si expressif !

« Stockholm Afrobeat Syndrome » :  Encore un morceau « énervé » qui groove grave ! les percussions de Sebastian Quezada viennent compléter astucieusement la rythmique en boucles aidé des notes très basses aux claviers, le saxo très en verve nous scotche par ses fantaisies très libres…Alors on danse !!

« Dive in Peace » Intro : Nous plonge (c’est le cas de dire !) subitement dans le calme et la sérénité nous permettant (et les musiciens aussi !) de reprendre notre souffle après les 3 « bombes » précédentes ! Et oui, ils sont aussi doués dans ce registre tout en tendresse !

Une deuxième partie de Dive in Peace nous permettra d’apprécier la voix spécifique de Kevin Norwood sur un tempo plus scandé où les paroles sont lancées comme en rap et l’outro ou troisième partie d’écouter la douceur d’interprétation de Jonathan en piano solo.

« Bakodo » (Part 1) Joue avec les changements de tempo, le saxo volute fièrement sur la rythmique scandée du piano et de la batterie soutenue par les percussions puis le dialogue se fait entre d’une part le saxo en rapide envolées et le duo Jérôme/Sebastian…On en redemande !

« Miss Jo » : Nous invite à danser la salsa, puis le tempo évolue en jazz afro-cubain où le lyrisme du saxo rivalise avec la beauté d’un duo percu/piano. Puis le clavier invite à des accords itératifs plus funky où se succèdent les impros soutenues de chacun dont le saxo à la vivacité épatante, le final revient sur la mélodie pure.

« Lapse of Serenity » : Le piano égrène lentement les notes, le saxo s’y enroule harmonieusement, les 3 s’expriment avec des couleurs douces, Jonathan en free style glisse du frémissement à l’envolée, superbe !

« 4 : 06 A.M. » : Entame douce en boucle au piano puis les mains sur le clavier vont de plus en plus vite, les 2 acolytes entrent en force dans le jeu, puis le saxo se fait lyrique en dialogue avec le piano plein fougueux et poétique à la fois, la batterie lance le ton qui monte en liberté et en tension émotionnelle à chaque séquence vers un final en apothéose : Quel morceau !

Bref, vous aurez compris que les morceaux sont presque tous mes préférés tant ce disque nous prend aux tripes par l’intensité des jeux individuels et collectifs aussi bien dans l’énergie que dans la douceur ! Vivement un Live dans notre région !

En attendant :

17 octobre au Sunside à Paris

18 octobre au Hot Club à Lyon

20 octobre au centre Solea à Marseille

Label Binaural Production / Absilone sortie le 13 septembre 2024

Chronique de Martine Omiécinski le 05 septembre 2024

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