13 SEPTEMBRE 2024 / LES SOIRS BLEUS
Jazz (s) à Trois-Palis
13/09/2024 – Foyer communal de Trois-Palis
Hasse Poulsen, François Méchali
18h30 – Hasse Poulsen, guitare
François Méchali, contrebasse
Les toutes premières notes nous entraînent d’emblée dans un paysage vaste, de pays scandinaves, l’espace prend toute sa place dans la musique, le temps s’écoule lentement avec cependant, une forte présence dans la contrebasse, comme une célébration de la majesté d’un lieu. Pourtant, les deux musiciens n’en restent pas là, ils en exploitent les détails par instants pour nous y ancrer davantage…
C’est incroyable comme un tempo lent laisse la rêverie s’immiscer, une Danse d’été à côté du lac, sorte de cérémonie païenne, fleurs dans les cheveux, air dans les jambes, transparence de l’eau ; la guitare de Hasse Poulsen marque les pas raffinés d’une danseuse.
Hasse Pulsen traduit tous les moments de son quotidien pendant le Covid, il cherche à ce que sa guitare, ici bluesie, raconte la joie des petits instants, en scrute les plaisirs, parfois une frénésie gourmande grattant sa guitare à l’envie avec le Déjeuner à la taverne post virus ! Sa sincérité musicale fait du bien. François Méchali l’accompagne à la contrebasse, fidèle et attentif. Leur duo offre un mélange de solennité et de fraîcheur de jeu. Les mélodies libèrent un chant mélancolique où les états d’âme lunaires se lovent, une poésie lyrique et aussi stylisée, intimiste.
Sitôt enchantés, Hasse Poulsen nous arrache le cœur pour des contrées plus étranges, une faille temporelle, il scie insatiablement sa guitare avec un archet, François Méchali le rejoint avec le sien, lieu exigu, Confinement silencieux, on y respire soudainement mal, mais c’est là qu’il veut rester, maintenir l’étrange, l’instable, peut-être l’incertain, comme un malaise à définir et qui des ténèbres devient langage lumineux.
Il semblerait que les mélodies naissent à 3h du matin sous le cerveau de Hasse Poulsen, toujours un voyage introspectif, mais en forme de traversée intérieure aux richesses continuelles, comme insoupçonnées et qui paraissent découvertes sous nos yeux. Comme Entre amis, musique qui écoute, qui entend et qui redonne les sentiments, les sensations, confidente.
Une nouvelle mélodie exhumée d’Une rencontre au cimetière qui entoure le presbytère où vit Hasse Poulsen avec une scénarisation par un début mesuré pour préparer la conversation musicale et sa déclinaison, ici, grâce à une contrebasse volubile, et toujours un peu de mystères dans les échanges.
Par Anne Maurellet, photos Alain Pelletier (tamkka)
Bernard Jean quartet « On Both Sides »
20h30 – partenariat avec Soirs bleus -On Both Sides
Bernard Jean, vibraphone
Fred Roudet, trompette
Samuel Silvant, batterie
Bernard Santacruz, contrebasse
Un swing effréné pour démarrage, la batterie de Samuel Silvant déterminée comme la contrebasse du compositeur Bernard Santacruz, et sans compter le vibraphone de Bernard Jean ! La contrebasse assoiffée lance sa quémande suivie par la trompette de Fred Roudet tout aussi désireuse… Ça décoiffe et on aime !
Une bossa nova jazzy sort des baguettes énergiques du vibraphone, la trompette triomphe, batterie et contrebasse assurent le déhanché pour Belgodere…
Doigtés de velours pour ce Masque, somptueux sons, au groove ténébreux, le jazz trouve ici ses lettres de noblesse… Les instruments livrent leur être, à l’accélération par la batterie et la contrebasse, trompette et vibraphone conversent, c’est la force d’une jazz tonitruant, furieux, exigeant même si les douces courbes de la trompette de Fred Roudet répondent, elles fatiguent le son pour l’exciter juste après.
Théo suit à la trace Monk et rien de tel que lui pour traquer les silences et remplir tout de même l’espace.
Lié à l’amitié entre Bernard et Bernard, A pleasant day est au coeur du jazz, pendant que la trompette éclaire la voûte maintenant étoilée du foyer communal de Trois-Palis. Musiciens brillants obligent, le vibraphone de Bernard Jean déploie un arc-en-ciel ou des myriades de feux follets, qu’importe, et parce qu’il y a de la folie dans ses excès, bien heureusement, les baguettes habiles déstructurent la batterie de Samuel Silvant sur le bord de la caisse claire, comme la contrebasse est râpée par Bernard Santacruz.
Forcément que vous êtes en bataille au bout d’un quai, dans la nuit noire et que les réverbères au loin sont un espoir, Sans attendre, nous compose Bernard Santacruz, une batterie ensorcelante, façon vaudou pour qu’éclate le vibraphone, trépidant, nerveux, à la danse envoûtée, et c’est sans compter sur une trompette revendicatrice, sans attendre, jouer ! Faire jaillir les sucs du jazz et finir à pas de fourmis…
Le buggle de Fred Roudet pour plus de suavité dans les trémolos, le vibraphone le caresse de ses notes délicates, comment Bernard Jean atteint-il cette douceur cristalline ?… The Story of Maryam de Paul Motian nous conduit ici vers un ciel empli de musique et sa jubilation.
Les baguettes sûres et bondissantes de Samuel Silvant décomposent savamment la mesure, les trois autres musiciens avancent dans une tourbe pesante…la dextérité indéniable de Bernard Jean se met au service d’un jeu des plus composites, baguettes ici frappées avec ardeur, accélération phénoménale, et soudain une légèreté inouïe ! Bien sûr, le quartet dans son entier appartient à la même technicité, alors les compositions nous époustouflent, les sons nous envahissent. Si j’avais su que tu allais tout inonder…
Et pour finir, Bernard Santacruz, un Pomerol, profond, structuré, prenez une grande année, juste le boisé discret, pour des saveurs et des éclats de fruits dans la batterie de Samuel Silvant !
Par Anne Maurellet, photos Alain Pelletier (tamkka)
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