Harold López-Nussa – Nueva Timba

5 étoiles
Harold López-Nussa : Piano, Rhodes, Compositions, Voix
Grégoire Maret : Harmonica chromatique, Composition
Luques Curtis : Contrebasse, Composition
Ruy Adrian Lopez-Nussa : Batterie, Percussions, Compositions
Invités :
Vincent Peirani : Accordéon, Composition
José Angel Blanco « El Negro Wadpro » : Sons électroniques
Alexis Diaz Pimienta : Voix
Harold López-Nussa est un pianiste cubain quarantenaire né dans une famille de musiciens et dont la mère était professeur de piano. Il a une formation classique comme tout pianiste cubain qui se respecte. Outre avec son propre groupe, il est connu pour sa participation au groupe El Comité (la fine fleur de musiciens cubains vivant en France) dont Action Jazz s’est déjà fait l’écho.
Harold a été forcé de s’exiler à cause du blocus des USA vis-à-vis de Cuba qui a failli l’empêcher de répondre positivement à la demande de Blue Note (excusez du peu ! seuls les « patriarches » cubains Chucho Valdès et Gonzalo Rubalcaba y sont). Il a choisi la France dont était originaire une de ses grands-mères. Sa première année y a été très difficile, la perte de sa mère, la séparation du reste de sa famille, la difficulté de rebondir quand on a été encensé en tant que musicien dans son pays, le chemin a été douloureux avant de connaître des jours meilleurs côté familial (jeune papa) et côté carrière. C’est un peu ce que reflète ce deuxième album chez Blue Note, la nostalgie et la gaité s’y côtoient, classique, jazz et « Timba » s’y mélangent.
Ce disque a été enregistré en Live au Duc des Lombards à Paris, nous retrouvons les musiciens de son premier album : son frêre Ruy Adrian Lopez-Nussa à la batterie et aux percussions, Luques Curtis à la contrebasse, Grégoire Maret à l’harmonica, avec quelques invités dont Vincent Peirani sur un morceau.
La timba est un genre musical cubain de la fin des années 1980 mélange de salsa, funk, R&B et plus généralement musiques afro-cubaines, un « beatmaker » : José Angel Blanco « El Negro Wadpro » officie aux sons électroniques et rythmes itératifs.
Mes morceaux préférés :
« Bonito y Sabroso » de Benny Moré (reconnu comme un des plus grands compositeur et chanteur cubain – décédé en 1963 – il se produisait en big band) : le morceau prend ici un goût particulier grâce à la virtuosité d’Harold au piano, à l’ingéniosité de Grégoire Maret à l’harmonica, à la rythmique (Luques et Ruy Adrian) au cordeau et chatoyante en même temps, agrémenté des sons électro de José Angel. Le final est flamboyant !
« Gitanerias » D’Ernesto Lecuona un compositeur « classique » cubain admiré par Ravel et Gershwin : met en valeur la maestria d’Harold mais aussi de son frère restituant superbement le rythme flamenco.
« A Lyle » de Ruy Adrian Lopez-Nussa : Belle et tendre mélodie au tempo enjoué coulant comme une source de vie grâce à un jeu de batterie/contrebasse raffiné et une fluidité du doigté au piano.
« Cerca y Lejos » d’Harold Lopez-Nussa : La mélancolie affleure dans le dialogue harmonica/piano, le jeu percussif de Ruy Adrian emporte vers davantage de joie rejoint par le piano qui s’envole vers un mélange « fusion » et des rythmes très « latin jazz » rejoints par les chœurs chantés comme dans la tradition cubaine.
« Niña con Violin » : d’Ernan Lopez-Nussa (l’oncle également pianiste d’Harold) : les lignes de la contrebasse de Luques évoquent avec brio ce violon, le piano voltige : magnifique !
« Alma y Fuego » : de Vincent Peirani : Dialogue piano/accordéon à l’entame , l’harmonica entre en jeu en rajoutant du lyrisme, puis le trio de base s’affirme avec un piano débridé puis Harold et Vincent entrelacent leurs sons avec fougue et âme, la batterie éclate, l’harmonica calme le jeu tendrement et tous se jettent dans un final épique ! Super !
« Guajira » : de Ruy Adrian slamé par Alexis Diaz Pimienta sur un mélange détonant de sons traditionnels cubains, de R&B et de « beat » très actuel où piano, rythmique et harmonica exultent : « incredible ! »
« Why » de Grégoire Maret nous ramène vers une sérénité mélancolique avec une mélodie touchante jouée avec finesse.
« Bajista Guerrero » de Luques Curtis : comme le suggère le titre il s’agit d’un hommage à un bassiste et Luques nous gratifie de ses belles lignes profondes de contrebasse, piano et harmonica mélés rivalisent de tendresse, puis le rythme s’affole, les 2 frères joutent hardiment rejoints par l’harmonica. La contrebasse reprend les rênes sur un autre long et beau chorus.
Bref un album passionnant oscillant entre énergie fougueuse et nostalgie, tradition et sons actuels, le tout transcendé par des musiciens brillants !
Sortie chez Blue Note le 19 septembre 2025
Chronique de Martine Omiécinski
Label Blue Note
https://www.facebook.com/haroldlopeznussa








