Fred Nardin Trio – Trio [+]

5 étoiles (+)

Trio :

Fred Nardin : Piano, compositions

Viktor Nyberg : Contrebasse

Romain Sarron : Batterie

Invités (+) :

Anne Sila : Voix (5)

Stefano Di Battista : Saxophone (7)

Max Pinto : Saxophone (2,5)

Raynald Colom : Trompette (8)

Maxime Fougères : Guitare (3)

Sébastien Ginaux : Guitare (5)

Inor Sotolongo : Percussions (1,3,4,7,8,10,12,13)

Fred Nardin, pianiste trentenaire régulièrement encensé dans nos chroniques, a une formation de piano classique puis a suivi au CNSMDP la classe de Jazz et Musiques Improvisées puis de Composition. En 2010 il fonde avec des copains le groupe de 8 musiciens « The Amazing Keystone Big Band » dont Romain Sarron (que nous retrouvons à la batterie sur cet album) et David Enhco. Ils ont été élus Meilleur Groupe de l’année en 2018 aux Victoires du Jazz. Fred Nardin avait déjà obtenu en 2017 le prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz en tant que Meilleur Musicien de l’année. Ses compétences, outre son jeu au piano, l’amènent à devenir arrangeur et directeur artistique notamment de Stefano Di Battista (« Morricone Stories » en 2021), et dans un autre style de Pascal Obispo (2023 : « Le beau qui pleut » avec Max Pinto au saxophone que nous retrouvons ici). Quant à ses propres propositions, reste dans nos mémoires son magnifique album de 2022 « Live In Paris ». Il revendique comme « inspirateurs » Mulgrew Miller et Kenny Barron !

Viktor Nyberg est un contrebassiste suédois installé et très sollicité en France (notamment par Franck Amsallem, Baptiste Trotignon, Yaron Herman, Jacky Terrasson ou Rick Margitza)

Romain Sarron outre « The Amazing Keystone Big Band » a collaboré avec Qunicy Jones, Hugo Lippi, Cecil Mc Lorin Salvant ou Thomas Dutronc.

Ce disque pluriel à la fois éclectique et homogène comprend 6 compositions originales de Fred, 2 de Viktor Nyberg et 5 reprises pop et jazz « réaménagées ». Fred invite de nombreux artistes en plus du trio de base d’où le titre de l’album « Trio (+) », voix, soufflants, guitares et percussions. C’est addictif dès le premier morceau !

Mes morceaux préférés :

« Night Call » de Kavinsky de la scène électro (B.O. du film « Drive » en 2011) et Guy Manuel de Homem Christo (Daft Punk) : Quelle ouverture avec cette belle mélodie sereine magnifiée par la finesse du toucher de Fred, chaque note détachée (pouvant évoquer celui de Keith Jarret) ! Batterie et basse toutes en rondeur, précèdent des boucles qui viennent augmenter le lyrisme. C’est imparable, on a envie de l’écouter plusieurs fois de suite !

« Magic Trip » de Pascal Obispo : Les volutes du saxophone de Max Pinto irradient ce joli morceau

« Seascape » de Fred Nardin : Très cinématographique, la guitare volubile de Maxime Fougères puis les notes au piano tantôt hachées tantôt ruisselantes suggèrent habilement ce paysage marin

« Home » de Viktor Nyberg : Nordic Mood très réussie par le trio tout en épure et avec beaucoup d’âme !

« La chanson d’Hélène » de Philippe Sarde et Jean Loup Dabadie (chanté par Romy Schneider dans « Les choses de la vie » de Claude Sautet en 1970) plusieurs fois reprise devient ici une perle différente grâce : à la voix suave et cristalline puis plus forte d’Anne Sila, aux notes déliées de Fred, à la rythmique toute en souplesse puis aux apports précieux de la guitare de Sébastien Giniaux et du saxo de Max Pinto.

« Eronel » de Thelonious Monk : On reconnait bien cette composition allègre, le swing du trio est à la hauteur…transcendé par l’apport de la contrebasse de Viktor Nyberg.

« Autumn » de Fred Nardin, quelle douceur enveloppante magnifiée par les vibrantes harmonies du sax alto de Stefano Di Battista et le dialogue piano/saxo.

« Nous » de Fred : Debussy n’est pas loin sur cette partition classique au piano, que la rythmique subtile « jazzifie » puis surgissent les volutes aériennes et vibrantes de la trompette du franco-catalan Raynald Colom: magnifique !

« La mer » : de Viktor Nyberg : Pour le tempo de Boléro guidé par la basse et le piano éloquents et porté par les percussions du cubain Inor Sotolongo (comme dans la plupart des morceaux de cet album).

« Déluge » de Wayne Shorter : Ravageur Hard Bop avec rythmique au taquet dont un solo enlevé du batteur Romain Sarron et un Fred improvisant vivement : quelle maestria des trois !

Bref un album à écouter en boucle, sans modération !!!

Label Jazz Family sortie mai 2025

Chronique de Martine Omiécinski

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