Entre Souffles et Lumières au Teich le 18 Juin 2025 

En partenariat avec la mairie du Teich, Le Studio du Bassin a eu la bonne idée d’organiser une soirée dans la salle de spectacle l’Ekla pour permettre à deux duos de mettre en lumière leurs projets enregistrés dans leur studio. Le programme est annoncé avec fierté par Madame la maire devant une salle comble.  Si les deux répertoires, classique et jazz, sont différents, les talents sont là pour nous garantir une belle soirée et le public est impatient de découvrir les possibilités infinies qu’offre le duo. Nous n’avons pas été déçus en découvrant un incroyable panel de reliefs sonores tour à tour percussifs ou contemplatifs.

Sylvain Millepied et Maïa Darmé

En première partie, deux artistes de renommée internationale sont entrés en scène : Sylvain Millepied, flûtiste et directeur de l’école de musique de Gujan Mestras a interprété avec la harpiste Maïa Darmé des extraits de leur album Entre deux souffles. Les deux instruments, d’origine très ancienne comme nous l’indique Sylvain Millepied, se complètent parfaitement pour « revisiter » des pièces composées par Rossini, Bach ou encore Astor Piazzolla. Elles ont été écrites pour le piano mais la harpe ayant une tessiture proche de ce dernier, Maïa Darmé se les approprie brillamment et parvient même avec ses cordes pincées à reproduire le son du koto en interprétant un poème japonais. Lors du concert, seul un morceau, en l’occurrence un entracte a été composé spécifiquement pour flûte et harpe par Jacques Ibert.

Se dégage de leur prestation, une sérénité lumineuse, une sonorité intemporelle où les silences apportent profondeur et délicatesse. Leur démarche humaniste peut se résumer dans cette phrase de Debussy citée par Sylvain Millepied : « La musique commence là où la parole est impuissante, elle est faite pour l’inexprimable ».

Interview et enregistrement au Studio du Bassin :

https://www.facebook.com/watch/?v=1155243692769131

Laurent Coulondre et Christelle Raquillet

En seconde partie, Laurent Coulondre et Christelle Raquillet sont venus présenter leur album Shifting lights, paru le 30 mai. A Action Jazz, nous suivons attentivement le parcours de ces deux musiciens exceptionnels. Le pianiste aux multiples récompenses dont celle de meilleur artiste instrumental aux Victoires du Jazz 2020 a même (et nous en sommes très fiers) été le parrain du Tremplin 2024 organisé par notre association.

 La jeune flûtiste Christelle Raquillet avait collaboré à l’album Meva Festa de Laurent Coulondre et cette fois-ci, loin du groove déployé par un orchestre d’une dizaine de musiciens en liesse, les deux amis se sont retrouvés dans un projet acoustique plus intimiste. Fidèles à l’esprit de leur création, ils proposent des changements d’atmosphère tournés vers des rythmes latins pour l’un et vers des climats sonores modulant les nuances, plus « à fleur de peau » pour l’autre.

Afin d’élargir sa palette de timbres, Christelle Raquillet joue des flûtes traversière, alto et basse, elle peut ainsi varier les sons suscités par son souffle, sa voix et produire des effets percussifs avec les clés ou sa technique vocale. Quant à Laurent Coulondre, il nous a habitué lors de ses nombreuses collaborations à maitriser avec panache tous les claviers, cette fois ci, il est en tête à tête avec un piano acoustique.

Les deux musiciens ont nourri cet album de nouveaux morceaux mais en ont également arrangé certains pour s’adapter à cette formule atypique piano/flûte.

Leur prestation a débuté avec Pequeno Camarao, Laurent Coulondre nous confie que c’est la première écoute du cœur de sa fille qui a inspiré ce titre aérien qui balance entre excitation et peur. Sa fougue pianistique cette fois- ci toute en retenue offre un écrin velouté à la mélodie poétique délivrée par Christelle Raquillet. Avec Sun Is The Key, la flûtiste imprime la finesse de son approche rythmique sur les volutes nerveuses déployées par le pianiste.

L’association inspirée du morceau Un garçon pas comme les autres (Ziggy) avec Spain de Chick Coréa enfante le surprenant « Ziggy Spain » dans un arrangement qui fait mouche.

Le duo a ensuite joué un des morceaux préférés de Christelle Raquillet Olha Maria de Chico Buarque : sa flûte basse se mêle à sa voix dans un moment purement magique empreint de mystère et de profondeur tandis que le piano en compagnon subtil souligne la beauté de l’instant.

Puis seule sur scène, simplement nimbée d’un halo de lumière, la flûtiste nous a enchantés de l’une de ses compositions, un magnifique chant céleste, Le train dure longtemps.

Le duo a terminé sa prestation avec une pièce écrite pour piano et flûte basse par Laurent Coulondre, Brazilian for two à la rythmique latine entrainante.

Nous avons eu la chance d’écouter de superbes mélodies offertes avec générosité par deux instrumentistes à la technique époustouflante et à la complicité évidente.

Pour le rappel, Sylvain Millepied et Maïa Darmé sont revenus sur scène pour jouer à quatre mains Chorinino. Sur un tempo rapide, cette composition de Laurent Coulondre a permis à chacun d’improviser pour clôturer avec « Ekla » cette soirée qui a tenu toutes ses promesses.

Interview au Studio du Bassin :

Brazilian for two :

Par Christine Moreau, photos Philippe Marzat

Galerie photos Sylvain Millepied et Maïa Darmé :

Galerie photos Laurent Coulondre et Christelle Raquillet :