Daniel Zimmermann – Snapshots

Daniel Zimmermann, trombone, compositions, textes, chant.
Pierre Durand, guitare.
Elise Blanchard, basse.
Julien Charlet, batterie.
Invités :
Sanseverino, chant
Thomas de Pourquery, saxophone
Snapshots : le nouvel album de Daniel Zimmermann, enregistré au studio Gil Evans à Amiens, est sorti le 17 octobre 2025 chez Label Bleu/L’Autre Distribution. Et en concert au New Morning à Paris le 27 janvier 2026.
J’avais eu le plaisir d’assister il y a quelques mois au concert de Daniel Zimmermann avec son projet L’homme à la tête de chou en Uruguay et avais pu apprécier son jeu au trombone toujours inventif et parfois facétieux. Il nous revient avec un nouveau projet, Snapshots, un album en partie autobiographique qui explore des questions sociétales actuelles en portant un regard distancié et une dose de dérision qui sauvent d’un pessimisme mortifère. La pochette du disque donne le ton, où l’absurde côtoie le désuet. Snapshots ce sont des instantanés qui dessinent une vision du monde à la fois sarcastique et sensible, avec un optimisme rafraîchissant. C’est un album de contrastes et d’émotions, onze titres à découvrir entre ballades, blues, rock à l’occasion, chant.
Le premier titre, ‟Le mieux et le bienˮ est une mélodie douce amère où les riffs de la basse de Elise Blanchard et la batterie discrète sont en empathie avec le trombone onctueux de Daniel Zimmermann. Un morceau agréable et léger où le trombone mène la danse.
‟Yellow moonˮ est un arrangement d’un titre des Neville Brothers, un hommage à la musique de la Nouvelle Orléans en blues au ralenti, avec cette introduction rauque à souhait et ce final en trombone très armstronguien, et entre les deux les arpèges délicats de la guitare de Pierre Durand.
Pour cet album très personnel, Daniel Zimmermann nous fait partager ses émotions et coups de cœur : les espaces infinis de l’océan et le sentiment de liberté dans ‟Papillonˮ, superbe morceau en cordes aériennes et trombone en légèreté ; la quiétude et la sérénité d’une soirée d’été en Corse dans ‟Notre îleˮ, où la lenteur du tempo et les arrangements façonnent une ambiance onirique ; la douleur et l’espoir dans ‟Come homeˮ qui parvient à tirer des larmes du trombone sur un lent ostinato à la guitare égrenant le temps jusqu’au souffle ultime.
L’on y trouve aussi ces titres où l’humour et la dérision sauvent du désespoir : ‟Les Maximiseurs de Piˮ, une critique de la « science » économique déshumanisée, morceau qui vrille en guitare rock psychédélique, et surtout ce ‟My Little Sweet New Zealand Bunkerˮ, farce burlesque de la fuite éperdue chantée par Sanseverino et le trombone en osmose, et une deuxième version non moins galopante avec le saxophone en liberté de Thomas de Pourquery en cri déchirant. Un cri là aussi, d’alarme : ‟Stop This Worldˮ, de Mose Allison est adapté en français par Daniel Zimmermann en crooner désabusé sur un blues qui traîne ses chaînes.
Blues encore, et superbe, cet ‟Indien de Panameˮ empreint de sérénité, sur lequel le trombone de Daniel Zimmermann est particulièrement expressif, démontrant que cet instrument sait aussi jouer en leader. Enfin, ‟C’est comme ça la vieˮ, l’acceptation du monde tel qu’il est ouvert la voie à une forme de sagesse, il y a de l’espoir dans cet arrangement mélodique où même le chaos apparent du final est totalement joyeux. Snapshots, un album qui nous parle de l’être au monde.
Par François Laroulandie
Label Bleu / L’Autre Distribution
https://www.facebook.com/daniel.zimmermann.1069





