Alex Koo – Blame it on my Chromosomes 

5 étoiles

Alex Koo : Piano, voix, compositions

Lennart Heyndels : Contrebasse

Dré Pallemaerts : Batterie

Invité : Ambrose Akinmusire : Trompette (1 et 9)

Faisons un petit tour en Belgique pour saluer cet artiste et cet album !

Alex Koo est un pianiste belge par son père et japonais par sa mère (Koo est son prénom japonais) d’où le titre de l’album : « Blame it on my Chromosomes » que l’on peut traduire par « C’est la faute de mes chromosomes ». Prodige du piano classique dès l’âge de 5 ans, il a été encensé à l’adolescence quand il vient au jazz notamment par Brad Meldhau et Kurt Elling – ses impros étaient déjà pleines de maturité –

Son toucher main gauche est très percussif avec des « silences » entre les notes tandis que la droite fait rayonner ses compositions (on l’imagine facilement en solo maîtrisant la rythmique !)

Son album, exclusivement acoustique, réunit pour le trio deux grands musiciens belges : le batteur Dré Pallemaerts aux collaborations époustouflantes tant en Belgique qu’aux USA ou en France et le contrebassiste Lennart Heyndels très investi dans des projets pluriels sans frontières musicales. Cerise sur le gâteau, deux morceaux accueillent pour notre plus grand plaisir le grand trompettiste américain Ambrose Akinmusire !

Mes morceaux préférés :

« Hey man, we should play sometime » : Voilà qui est fait avec Ambrose ! La composition propose des harmonies itératives très travaillées dont le trio pose la trame sur laquelle Ambrose brode à la trompette, avec volupté, créativité et liberté. Alex Koo fait chanter sa main droite, la rythmique au cordeau cadre le tout. Le thème entre vite dans nos neurones attentives et ravies, les impros des quatre nous comblent. Quel premier morceau !

« Eagle of the Sun » : Ambiance cinématographique dès l’entame (sifflements puis voix avec vocalises expertes façon « Il était une fois dans l’Ouest », la mélodie simple est répétée à l’envi, la voix d’Alex raconte une histoire, les notes nous emportent sur le vol planant de l’aigle, c’est très visuel. La connivence des 3 piliers du trio se ressent !

« Slowly » : Est chanté lentement par Alex « Slowly I loose my mind » (sa voix rappelle celle de David Linx, autre belge à la voix et aux compositions jazzy). La mélodie au piano est très belle, Alex dialogue brillamment avec la contrebasse aux chaudes sonorités de Lennart, Dré s’immisce savamment dans le jeu !

« Intro to Nothing » : Encore une belle mélodie cinématographique dont le thème en boucle est instillé par le piano qui improvise ensuite jusqu’à la répétition après de petits silences dosés, la rythmique en parfaite osmose : Magnifique !

« Jonass » : Dédié à l’ami d’enfance d’Alex décédé tragiquement, le propos est sublimé par Ambrose Akinmusire dont la trompette coule ses harmonies vibrantes et vives. Puis un changement radical de tempo nous projette dans une partie toute en retenue et émotion pour repartir sur une vivacité rythmique au taquet où piano et trompette dialoguent hardiment : super !

« Blame it on my chromosomes » : Je ne pense pas être dans le cliché en disant qu’à la lenteur et contemplation asiatique succède la frénésie occidentale car dans ce morceau (au nom évocateur) la contrebasse de Lennart entame en tendresse, les cordes du piano répondent en douceur puis tout s’accélère et les 3 compères rivalisent de brio !

Bref un album qui fait plaisir à écouter tant pour la qualité de jeu, totalement acoustique rappelons-le, que pour celle des compositions : A découvrir !

Label WERF Records sortie le 07 Février 2025

Chronique de Martine Omiécinski

https://www.facebook.com/alexkoomusic

https://alexkoo.bandcamp.com/album/blame-it-on-my-chromosomes