Andrea Glockner Quartet feat. Joseph Bowie – Le Rocher de Palmer à Cenon – Gironde

Le 23 octobre 2025

Andréa Glockner : Trompette basse, Flûtes, Trombone, Compositions
Sylvia Bolognesi : Contrebasse, Basse électrique
Santiago Fernandez : Piano, Clavier
Alessandro Alarcon : Batterie

Invité :
Joseph Bowie : Trombone, Chant, Percussions

Andréa Glockner est un jeune musicien franco-italien de 24 ans né à Bordeaux. Il y a appris la musique notamment avec un de nos trombonistes réputés : Sébastien « i.e.p » Arruti puis au conservatoire où il s’est centré sur les soufflants « graves ». Il a poursuivi à Sienne en Italie à L’Accademia Nazionale Italiana del Jazz où parmi ses professeurs figuraient Sylvia Bolognesi et Joseph Bowie et parmi les étudiants : Santiago Fernandez et Alessandro Alarcon ! Bref des rencontres prometteuses et fidèles. De là à faire un album ensemble il n’y avait qu’un pas, c’est ainsi qu’est né « Across The Lines » sorti au printemps 2025 (dont vous pouvez lire la chronique du 23/04/25 de la main de Philippe Desmond sur actionjazz.fr). Plusieurs titres seront joués pendant le concert.

Par ailleurs Andréa joue aussi du trombone sur le dernier album de Sylvia Bolognesi et Eric Mingus « Is That Jazz ?» en hommage à Gil Scott Heron (jazz funk et revendicatif des années 1970 et au-delà) voir la chronique de Dom Imonk du 16 octobre 2025 sur lagazettebleuedactionjazz.fr.

Après ces présentations découvrons le concert accueilli dans le Salon de Musique bien rempli du Rocher de Palmer.

Le « show » démarre à fond avec « Recovery » une entame très « free » avec un dialogue percutant d’Andréa à la trompette basse (instrument peu couru en jazz) et de son invité Joseph Bowie au trombone. Ce dernier, une figure du jazz/funk américain (Leader du groupe « Defunkt » et frère du trompettiste Lester Bowie) capte illico l’attention visuelle et sonore par son look, son jeu très libre, il est un bel exemple de dynamisme à 72 ans. Le duo fonctionne à merveille, dans une ambiance funky. Santiago Fernandez au piano s’immisce en petites touches subtiles, Sylvia Bolognesi à la basse électrique épate par ses lignes bluffantes, Joseph chante, scatte, joue du tambourin et des maracas, un orchestre à lui tout seul ! Les improvisations de chacun s’enchainent sans nous laisser le temps de souffler, c’est vivant, vivifiant, le public adhère tout de suite !

« Waiting for Santiago » : (clin d’œil au pianiste toujours en retard nous explique Andréa !) démarre par un solo à l’archet de Sylvia entre caresse et impétuosité, elle accueille les 2 cuivres qui se lancent dans une joute envoûtante, Sylvia et Alessandro (le batteur) rivalisent de créativité. Joseph, facétieux et sautillant poursuit au djembé, Andréa très inspiré et hardi mélodiste instille quelques notes cinématographiques façon Nino Rota (chromosome italien quand tu nous tiens !)

« Spirale Di Bolognesi » : L’entame au piano riche et fertile accélère progressivement le tempo, la rythmique enchaine avec en prime Joseph aux percussions. Andréa est à l’écoute avant de se lancer dans la frénésie collective, le plaisir du jeu ensemble leur faisant « propulser » une richesse de sons incroyable dont les spirales de Sylvia !

« King of the Zulus » : Inspiré de Louis Armstrong qui le chantait à l’origine, cette version fait aussi référence à la branche non violente du Hip-Hop ayant débuté à New-York. Le Groove est imparable, Joseph scande vivement les paroles, avant de reprendre le trombone, Andréa nous ravit à la flûte.

« Zuiderzee » : Thème inspiré par la mer intérieure près d’Amsterdam au bord de laquelle vit actuellement Andréa. Le début rivalise de bruitages savants (Joseph aux maracas et grelots, Sylvia jouant du vibrato de ses cordes archet et main, Andréa avec une petite flute) puis le piano se déploie subtilement, les impros fusent, Andréa revient sur des harmonies osées à la trompette, les basses des cordes et des soufflants se répondent, le piano tendre contraste avec l’élan débridé ambiant, Alessandro à la batterie se lance dans un solo recherché. C’est furieusement beau et efficace.

« Playground » : Diablement funk et dansant avec une rythmique vibrante d’intensité : Joseph omniprésent chante façon hip-hop puis scatte, Andréa le suit au trombone cette fois (un autre de ses instruments de prédilection), Joseph reprend le sien pour un duo magistral : le public exulte ! Santiago au piano s’envole dans un solo réjouissant, Joseph passe aux maracas pour un final en apothéose !

« Struttin with Some Barbecue » sera le morceau de rappel, encore du Louis Armstrong (1927) bien revisité. Joseph avec sa pèche incroyable parade, danse et chante en mimant et listant les ingrédients uniques de sa préparation pour le Barbecue (viande + sauce) tout en pétillant de malice. Andréa déroule le thème, le tord, l’entortille et le ramène, Alessandro et Sylvia exultent, Santagio pétille au clavier, Joseph improvise infatigable !

Quel concert époustouflant de brio, d’énergie, d’inventivité, le genre de soirée qui met du baume au cœur et aux oreilles, dont les vibrations positives nous portent longuement ! Merci à eux 5 et au Rocher de Palmer pour l’accueil, les lumières et l’excellent son !

Chronique de Martine Omiécinski, photos de David Bert

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Galerie photos par David Bert