Gazette Bleue Week-End # 18

Bonjour ! Voici le dix huitième numéro de notre Gazette Bleue week-end ! Cinq nouvelles chroniques de disques, pour vivre un excellent week-end printanier ! De la bonne musique, des fleurs, des oiseaux, du soleil pour vous, what else ?! Nicole Johänntgen – Labyrinth II, Emily Allison & Boris Schmidt – Treehouse Days, Jan Van Duikeren’s Fingerprint – Slow Your Roll, Romain Pilon – Open Roads et Yonglee & The Doltang – Invisible worker.

Bonnes lectures !

La rédaction


Nicole Johänntgen – Labyrinth II

Nicole Johänntgen : Alto & Soprano saxophones, Voice
Jon Hansen : Tuba
David Stauffacher : Percussion/Drums

Titres :

  1. With Love
  2. Elephant Walk
  3. Headbang
  4. The Voice Of The Saxophone
  5. Bluebird
  6. Pandeiro, Sing it Baby !
  7. When You Breathe
  8. Hark
  9. Waves II
  10. In Honor Of Arthur Blythe
  11. Colores
  12. Courtship Dance
  13. Muchas Gracias

Nicole Johänntgen est une boulimique d’activités, principalement musicales, mais pas seulement. Née en 1981, elle a à son actif une profusion de collaborations et de récompenses internationales, déjà 18 disques, en son nom, et au sein de formations très diverses. C’est un soutien de la cause des femmes au travers de SOFIA, un programme international de soutien aux musiciennes de Jazz. L’enseignement représente aussi une part importante de son activité. C’est donc une artiste engagée, et très créative.

Et de la créativité, elle en fait encore preuve sur ce disque.On la retrouve ici en trio avec un percussionniste et un tubiste, une formation peu courante, mais qu’elle a déjà pratiquée au travers différents albums. Ce « Labyrinthe II » se trouve dans la droite lignée du premier opus, « étonnamment » baptisé « Labyrinthe » ! Le même trio, et des ambiances apparentées. En revanche, on ressent dans ce disque une plus grande sérénité, le premier opus donnant une impression d’urgence.

Les morceaux sont très variés : des mélodies immédiates, des morceaux aux rythmiques complexes, en passant par des ambiances caribéennes, des biguines, ainsi que des morceaux à ambiances, sans thème clairement identifié, et qui nous emmènent en voyage, et bien sûr, du groove, alimenté par cette rythmique étonnante. On ne peut s’empêcher de penser à un Multicolor Feeling Fanfare en très petit comité.

Parfois, la voix de Nicole accompagne le saxophone, à l’unisson, présente mais en toute discrétion. Quant au son du saxophone, il est magnifique, mélange de puissance et de douceur, à la fois dynamique et sensuel, avec un très léger vibrato sur les fins de phrase, tout en finesse.

Mais comment ne pas évoquer le tuba de Jon Hansen, très présent sur tous les morceaux, cela dès le premier, au travers d’un beau chorus, efficace, et mélodieux. Il s’offre même un morceau en solo, où le mélange de majesté et de sensualité du tuba se manifeste. Il a droit d’ailleurs à plusieurs chorus dans ce disque. Et c’est un grand plaisir. Jon tire des sonorités très douces de l’instrument. Cet homme est lui aussi un artiste multiforme, il joue, compose, produit divers artistes. Les percussions de David Stauffacher sont efficaces, présentes mais discrètes, passant des congas à la batterie classique.

Cet album est riche, très varié, puissant et doux à la fois, empreint de poésie. Des plages très courtes, alternent avec des morceaux plus construits. Il nous embarque dans son train dès le premier morceau, sans nous lâcher jusquà la fin. On attend le « Labyrinth III » avec impatience.

Pierre-Yves Miroux

Baco Music

https://www.facebook.com/nicole.johanntgenofficial


Emily Allison & Boris Schmidt – Treehouse Days

4 étoiles sup

Emily Allison : Voix, clavier et effets, compositions (sf 2, 9, 10)
Boris Schmidt : Contrebasse, chœur, compositions 9,10.
Invités : Claire Parsons et Leander Moens : Chœur (5, 11, 12)

Emily Allison est une musicienne quarantenaire née à Lyon, elle joue du saxophone et a une magnifique voix. Après le conservatoire Royal de Bruxelles où elle a suivi les cours du chanteur David Linx, elle est passée par le CNSM de Paris sous la direction de Ricardo Del Fra, elle possède un master de jazz vocal. C’est donc sa voix qu’elle nous offre sur cet album en duo avec Boris Schmidt le contrebassiste né au Luxembourg et pilier de la scène jazz belge.
L’album « Treehouse Days » comporte 9 compositions d’Emily, 2 de Boris et 1 morceau de Joni Mitchell. La voix d’Emily et les cordes de Boris ont quelque chose de très apaisant qui nous plonge dans la zénitude !

Mes morceaux préférés :

« Elders & Betters » d’Emily : la voix limpide et veloutée d’Emily (qui chante en anglais) s’enroule magnifiquement avec les sonorités graves et chaudes de Boris. La basse (sans batterie) inonde l’atmosphère portant suavement le chant : superbe !
« A Case of You » de Joni Mitchell en 1971 : les jolis aigus d’Emily fleurtent avec l’épure profonde de la contrebasse, Boris rajoute sa voix pour les chœurs sur les refrains, un moment de tendresse absolue !
« Benchmarks » d’Emily : Chanson à l’ambiance folk, la contrebasse jouant la guitare et la rythmique, les voix des invités Claire Parsons et Leander Moens venant enrichir la chanson de leurs chœurs, quelques scats aériens et sons chauds des cordes plus loin on atterrit comme en suspension !
« Sonnante et trébuchante » : Un peu plus rythmée, cette unique chanson en français au texte également d’Emily sur le rapport à l’argent est ensuite magnifiée par ses scats et par le jeu raffiné de Boris
« Sharp Nails » de Boris Schmidt : La voix module les accords hauts et bas alternativement, subtilement sur peu de notes. De même la contrebasse joue sur des répétitions bien dosées en harmonie avec le chant sur lequel quelques effets amplifient le mystère.
« Wet Sand » de Boris : Entame douce et lente aux cordes, le scat surgit de la même tonalité basse, profonde, les modulations élégantes (avec parfois des accents orientaux) des deux et des chœurs nous conduisent vers un magnifique solo final de Boris : envoûtant !
« Black Page » d’Emily : Les lignes de basse mélodiques portent le chant et le scat sensitifs d’Emily réhaussés avec les chœurs de Claire et Leander : Magnifique !

Bref, si vous avez besoin de douceur, d’apaisement, de sérénité vous allez adorer, de même si le chant et le scat mélodieux vous transportent, ainsi que pour les amoureux de la contrebasse et tous ceux qui aiment être surpris par ce que le jazz propose dans son immense palette !

Hypnote Records sortie le 14 Mars 2025
Chronique de Martine Omiécinski

https://www.facebook.com/emily.june.allison


Jan Van Duikeren’s Fingerprint – Slow Your Roll

Natif de Schiedam (Pays-Bas), Jan van Duikeren est un réputé trompettiste qui est aussi compositeur et arrangeur. Nous découvrons ses nombreuses collaborations, notamment avec des pointures telles que Dr. John, Paul Weller, Christian Mc Bride, Bob Brookmeyer, Lionel Ritchie, Diana Ross, Petter Maffay, Dr. Lonnie Smith, Sheila E., Joe Jackson, James Carter, Trijntje Oosterhuis, Candy Dulfer et le Metropole Orchestra. Impressionnante liste ! Cette reconnaissance internationale de son talent multidirectionnel confirme aussi, à la lecture de certains noms de la liste, un goût prononcé, que nous partageons sans retenue, pour le jazz-groove dont ce nouvel album est la preuve.

Comme l’indique le morceau titre qui ouvre l’album, ce projet nous propose de « ralentir notre rythme » et nous invite à une escapade groovy à souhait, raffinée et addictive. Nous nous imaginons en train de « cruiser » au bord du Pacifique, des palmiers géants en guise de réverbères au « sunset », dans une belle décapotable dont l’autoradio libère à l’envi des notes sucrées, de douceur et de couleurs, l’art du « chilling » décontracté et insouciant.

Pour mener à bien cette excursion en neuf étapes, Jan van Duikeren s’est entouré de musiciens tout aussi excellents que lui, qui sont Tom Beek (saxophone ténor), Timothy Banchet (piano/claviers), Hugo den Oudsten (basse) et Salle de Jonge (batterie). Invités : Jesse Van Ruller (guitare # 1,3,6,9), Lilian Vieira (chant # 4), Lo Van Gorp (chant # 7), Udo Demandt (percussions # 4) et DJ Optimus [Neels Smeekens] (sons et scraches # 5). Des artistes très pointus, dont les cv en imposent.

Et voilà, c’est parti avec « Slow Your Roll », mélodie séductrice, harmonies envoutantes, l’âme solaire unie des soufflants nous embarque, sur fond de rythmique à la précision d’orfèvre. Que c’est beau ! Il y a là comme une sorte de réactualisation de ce délicieux « smooth » jazz US qui s’était électrifié et « engroové » vers la fin des seventies, genre The Crusaders ou autre Lonnie Liston Smith. Le niveau du thermomètre sensoriel ne redescendra pas avec « ID.1 » qui suit. En revanche le speed galopant qui anime « Hufflepuff Shuffle » nous sort de la torpeur, et, traversé d’un incroyable solo de guitare, saura pousser quelques gambettes à danser sur de luisants dancefloors.

Bienvenu au Brésil, la danse est toujours là, avec la bossa de « Longe Daqui », un sourire au soleil finement chanté par la radieuse Lilian Vieira, native de Rio de Janeiro. Ça se laisse déguster, comme les meilleurs cocktails d’été, ce que ne démentira pas le syncopé « Shack Jit », un bijou de jazz-groove de bonne humeur, sur un tapis doré de claviers et de rythmique soft, transpercé par endroit de chorus de saxophone et de Rhodes. Morceau proche du premier thème par sa sensibilité et sa beauté, voici le magnifique « Nightskate », grand titre ! Une vraie musique de film, qui fend le cœur par la joliesse (ou jolie liesse) de ses harmonies, par ce superbe son d’ensemble, cette profondeur d’inspiration collective, et par le remarquable solo de trompette que n’aurait certes pas renié un Eddie Henderson période late 70s !

Encore une superbe pièce, avec le saisissant « Okay » chargée d’un feeling soul que porte haut la voix chaleureuse de Lo Van Gorp et la trompette qui choruse comme un bel oiseau chanteur d’amour et de paix, idéalement soutenue par le reste du groupe. Nous finirons cette belle découverte sous l’irrésistible tempo du jazz-groove-funk de « Shinjuku » – Maceo Parker, sortez de ce corps ! – et de « Lick & Run », conclusion joyeuse et enthousiaste à cet album bien né, idéal pour illuminer les soirées d’été, qui ne tarderont pas à nous accueillir, vivement !

Par Dom Imonk

https://fingerprint-music.com/


Romain Pilon – Open Roads

Il y a des musiciens qui creusent un sillon, lentement, patiemment, et qui, sans bruit, deviennent des voix reconnues de leur génération. Romain Pilon est de ceux-là. Formé aux meilleures écoles (Berklee, notamment), il a très tôt tracé un parcours à la fois international et profondément enraciné dans la scène jazz européenne. Depuis le trio emblématique avec Yoni Zelnik et Fred Pasqua jusqu’à ses collaborations avec Walter Smith III, Brian Blade ou Ben Wendel, Pilon a construit une œuvre exigeante, cohérente et résolument contemporaine.

Avec Open Roads, son quatrième album sous étiquette jazz&people, Romain Pilon franchit un cap. On sent d’emblée une volonté d’aller ailleurs, de décloisonner, d’ouvrir — comme le titre l’annonce. Il ne s’agit plus seulement de jouer magnifiquement de la guitare, ce qu’il fait depuis longtemps, mais de proposer un véritable univers musical, une esthétique complète, où chaque pièce raconte quelque chose et trouve naturellement sa place dans l’architecture d’ensemble.

Signalons que jazz&people est un label original qui revendique une position artisanale, une démarche éditoriale, une philosophie d’accompagnement et de soutien aux artistes créatifs du jazz contemporain. Grâce au financement participatif, il permet à des projets originaux de se concrétiser en mobilisant une communauté de fans autour des artistes.

Et justement, parlons un peu du son. La patte Pilon, c’est ce mélange rare de clarté et de chaleur, une attaque précise mais jamais sèche, une capacité à laisser chanter l’instrument tout en conservant une articulation irréprochable. Cette signature sonore, il la doit aussi à ses choix d’instrument : sur Open Roads, il joue sur deux guitares d’exception — l’une signée du luthier français Aurélien Peras, l’autre d’origine japonaise, une Westville, deux marques qui allient finesse de fabrication et caractère. Ce sont des guitares faites pour les nuances, les envolées lyriques comme les silences parlants — autrement dit, pour le jazz selon Romain Pilon.

Mais ce qui frappe le plus à l’écoute de l’album, c’est l’ambiance. Une atmosphère feutrée, libre, à la fois profondément contemporaine et nourrie d’une mémoire collective du jazz — celle des trios de Pat Metheny avec Bill Stewart, ou des projets ECM des années 90. Pilon n’est pas un soliste égocentrique, il est un compositeur qui met en valeur ses partenaires. Et quels partenaires ! Orlando le Fleming à la contrebasse, Mark Whitfield Jr. à la batterie, Jean-Paul Estiévenart à la trompette, Alexis Valet au vibraphone — chacun y trouve un espace d’expression, un rôle clair, et surtout une écoute précieuse. Pilon, en chef d’orchestre discret, distribue la lumière avec générosité.

Le morceau introductif et éponyme de l’album nous invite à un voyage calme et introspectif dans des paysages musicaux ouverts, une randonnée accompagnée par une trompette jamais envahissante, toujours amicale et opportune. Long Story Short confirme cette impression de voyager entre les tonalités, et d’assister à une conversation pleine d’esprit entre ces compagnons de voyage que sont la contrebasse, le vibraphone, la trompette et la guitare, tandis que la batterie déroule ses paysages par la fenêtre du wagon.

Thirty Years After, plus mélancolique, nous invite à nous retourner sur le temps qui passe, à constater avec ce chorus intimiste que seule la beauté nous protège de ses désillusions.

Ready For Cooky renoue avec une énergie plus joyeuse, portée par un dialogue savoureux entre le vibraphone et la trompette. Good People est un témoignage d’espoir dans une humanité qui malgré tout, comme le suggère le morceau, porterait une part de bonté, tout comme le suggère la contrebasse d’Orlando le Fleming, discrète et généreuse sur ce morceau par un chorus qui caresse l’oreille… on a envie de la rencontrer ces “good people” (ceux de son label ?).

Tulsa et What’s in The Way is The Way confirment l’alliance entre douceur et musicalité, le vibraphone et la trompette jouent ici encore une fois une conversation magique. L’album se termine, paradoxe que l’on imagine volontaire, par Now It Begins, un morceau tendu et virtuose, où la contrebasse pulse comme un cœur derrière une guitare plus dépouillée et proche de la note que jamais.

En fin de parcours, on se rend compte que Open Roads réussit une chose rare : allier la sophistication de l’écriture à une grande délicatesse d’interprétation. Le jazz de Romain Pilon touche autant qu’il impressionne. Et cela, dans un paysage saturé de virtuosité technique, est peut-être le plus beau compliment qu’on puisse lui faire.

Par Pops White

Label jazz&people

https://jazzandpeople.com/

https://jazzandpeople.bandcamp.com/album/romain-pilon-open-roads


Yonglee & The Doltang – Invisible worker

Pianiste et compositeur actuellement basé à Séoul, Yonglee a été formé au Berklee College of Music de Boston et au New England Conservatory of Music, où il a rencontré des camarades tous aussi doués que lui, venus du monde entier. S’ensuivirent l’album « Touch » et l’EP « Surface of Time », les deux sortis en 2022. Un temps établi à New York, Yonglee s’est produit dans de célèbres lieux de la Big Apple comme la Jazz Gallery, le Smalls et le Bar Next Door. La crise sanitaire l’a cependant poussé à revenir en Corée du Sud, où il s’est vite intégré à la scène jazz alternative.

Chargé d’une énergie nouvelle, guidée par la vision symbolique très personnelle des humeurs de notre époque, Yonglee & The Doltang est une étonnante formation, dont la puissance du souffle et l’imagination singulière captivent jusqu’à l’international, leurs participations au Jazzahead ! 2024 (Allemagne), au Jarasum Jazz Festival (Corée) ou encore à l’Opus Jazz Club (Hongrie) en témoignent.

« Invisible worker » est leur premier album et il décoiffe à tout va, par sa musique originale et tonique, aux strates de sons en torsades entremêlées, à la voix fluorescente d’engagement, et aux déferlantes de battements et hachures rock-prog qui cisaillent l’air, le leader ayant depuis longtemps l’esprit rock, nous le croyons sur parole !

Ce disque à l’esprit jeune et révolté, est une prise de conscience et un état des lieux de la société compliquée du 21° siècle. Les rythmes enchevêtrés et incessants qui la figurent, et intensifient les courants d’air, font l’effet d’electro-chocs permanents, qui nous amènent à réfléchir sur le monde et sur nous-même, en décrivant des situations familières où l’on peut se reconnaître : le jour de la paie, le stress et les contraintes, la crainte des deadlines etc… Une urgence musicale dont la part rock de son énergie saccadée peut par moment rappeler The Ex ou Gang of Four.

Ces idées et impressions sont exposées sans filtre (apparent), comme une alerte directe et bien sentie, par des musiciens créatifs de grand talent, qui maîtrisent au mieux les possibles alliances actuelles, entre new jazz-fusion et prog-rock seventies réinventé. Leur écriture est sensible et signifiante, animée par un humour vif et un sens de la dérision « second degré », notamment sur l’intitulé et la teneur de certains titres, ce qui pigmente le flow émotionnel de cette musique inattendue, servie par un son très pointu qui en amplifie les impacts et la portée.

Une énigmatique miniature genre court-circuit spatial nous électrocute, et nous mène au bizarre « Pay Day », qui nous agite de ses zigzags interrogatifs, le fameux mystère de l’enveloppe, plus ou moins pleine que la dernière fois ? Contraints par ce système, l’évasion est souhaitable, se libérer de cette coquille hermétique qui nous enferme, et s’en échapper pour rejoindre Dame Liberté, c’est ce que « Shell » décrit de trépidante façon, claviers virevoltants sur des strates sonores inquiétantes et des exclamations tranchantes de guitare virtuose.

Le mini opéra « Fluorescent Light » est saisissant de beauté. C’est la suite logique, la fuite en avant vers la lumière promise, il y a un onirisme cosmique dans cette pièce, une course folle portée par un matelas sonore incroyable, un film d’animation délirant, avec par moment des sortes de cris d’oiseaux inconnus sur Terre, des circonvolutions électroniques irréelles et de splendides vocaux, aux intenses chœurs engagés façon Sun-Ra. Beaucoup de bizarrerie et un esprit aiguisé, avec « Drops », musique presque bruitiste, inspirée par un graphique boursier (!), qui « symbolise le flux de la société », et « Do Plastic Bags Dream About Sunset », thème poignant dont le titre est un message écologique finement lancé.

Pour terminer cet hallucinant voyage, voici l’endiablé « Dopamine Rush » et ses « cris et chuchotements » presque free, le plus soft « March of The Invisibles » innervé de généreux chorus de guitare et de clavier et l’époustouflant « Chit-Kong » qui fascine par la puissance de son groove alternatif.

« Invisible Worker » est une réussite totale, musicale et humaniste. Elle est porteuse d’un message d’espoir vital, celui d’oser exister et de devenir visible. Osons fuir l’ombre oppressante, et ne craignons pas la lumière. Yonglee & The Doltang est un groupe sensationnel dont la musique réveille les consciences ! Elle est propice à la réflexion, voire à la méditation, indispensable ces temps-ci…


Yonglee & The Doltang, ce sont :

Yonglee – piano, claviers, compositions
Yechan Jo – guitare électrique, guitare acoustique
Youngwoo Lee – synthétiseur, électronique
Hwansu Kang – basse
Dayeon Seok – batterie
Song Yi Jeon – vocaux

Par Dom Imonk
Unit Records

https://www.facebook.com/john.y.lee.927

https://www.yongleemusic.com/

https://unitrecords.com/