Strat Andriotis – Exits

Amateur de jazz standardisé, formaté, passez votre chemin. Place à l’originalité, dans plusieurs dimensions : ici, deux versions de trio jazz (contrebasse, batterie, guitare électrique), mais toujours avec le même guitariste, Strat Andriotis. Compositeur de tous les morceaux de cet album ; des structures de morceau originales, des harmonies, mais peu de mélodies, Strat Andriotis, adepte de la stratocaster, possède un univers très personnel. Né en 1963, il a déjà un long passé musical derrière lui, notamment dans le monde du rock au travers de collaborations, entre autres avec le célèbre bassiste, Tony Levin.

Cet album se caractérise par des morceaux comportant de nombreux breaks, changement de tempo, de rythme, des fins de morceaux sur des accords suspendus, des chorus de guitare constitués d’interventions courtes et incisives, à la manière de John McLaughlin. On peut se laisser simplement emporter dans cet univers, mais si l’on est sensible aux harmonies, alors l ‘écoute attentive est indispensable pour découvrir aux détours des morceaux les points de rencontre entre la basse et la guitare. A noter que la basse joue un rôle essentiel dans cet album ; c’est le point de repère de chaque morceau. C’est le charme de ce disque : on sait que la basse est un instrument important, sur la rythmique, et l’harmonie, mais ici, elle est essentielle, et elle permet à Andriotis de partir très loin dans ses interventions.

Dès le premier morceau, « Dominions », on peut de prime abord se sentir perdu, avec une introduction sans repère rythmique ou mélodique, jusqu’à l ‘apparition du thème. Pourtant, le morceau le plus immédiat du disque.

« Far away tears », sans doute le plus classique de cet album. Le regretté Jim Hall n’est pas très loin, lui non plus.

« Replaced », emblématique de l’ambiance de ce disque, des digressions continuelles d’Andriotis, aboutissant vers un chorus de basse supporté par des accords plus conventionnels du guitariste.

« Between ou and I », tempo lent, harmonies langoureuses, la guitare, en mode chorus continuel, s’approchant de temps en temps des lignes de la basse, pour aussitôt s’en éloigner, avec de l’écho sur les fins de ses interventions. Une guitare évoquant par moment le style de Bill Frisell. Beau morceau sensuel.

« While we wait » et « Timer », 2 morceaux comportant une walking bass , une batterie discrète, et Strat Adriatis, survolant cette ambiance sonore , tissant un tapis de notes délicates. Là encore, de nombreux changements de rythme viennent casser le chemin rythmique du walking.

« Will it ever be the same », petite balade sautillante. Avec de très belles interventions d’un des 2 bassistes, Tom Altobelli.

« Exits », qui porte le titre de cet album, ambiance de film noir, encore avec une walking bass, Andriotis se promenant sur le chemin déroulé par Tom Altobelli, ce dernier prenant un chorus à l’archet sur ce morceau.

Voilà donc un album qui de prime abord peut déstabiliser à la première écoute, mais très vite, l’émotion apparaît, grâce à l’alchimie de la collaboration basse/guitare.

Par Pierre-Yves Miroux

© 2025 Strat Andriotis

Strat Andriotis – guitare, compositions avec Tom Altobelli – basse

Joel Banks – basse

Vincent Walters – batterie

Alex Karcaza – batterie

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