Grandes pointures pour un train-train pas quotidien. Un piano large spectre, aussi à l’aise sur les ballades qu’en swing, Contrebasse véloce qui assure une grosse présence. Un soufflant qui continue à nous époustoufler. La batterie, fine ou tempétueuse, heureuse de retrouver l’ami Fred en pleine forme ! Et… en route pour de nouvelles aventures mon vieux Milou ! Détachez vos ceintures, ouvrez grand les oreilles, le train démarre, le voyage commence. La machine est sous pression, les Chauffeurs transpirent déjà, les rails sont affutés, alors, allons-y pour le voyage vers l’inconnu ! De nuit, l’horizon est flou, proche, quelques lumières en quittant la gare ont éclairées les mouchoirs agités, plus loin, les paysages, les formes d’arbres, de montagnes, de lacs se laissent deviner. Début du second titre, c’est plutôt un ascenseur qui est évoqué ; piano évanescent, contrebasse en pointillés, les balais caressent la mélodie, et cette trompette, ne me dites pas… cette montée, puis une note tenue, haute, on redescend, lentement. L’échafaud n’est pas loin. Mais non, c’est juste « le soleil (qui) se couche sur le temple de Kyoto », n’empêche, ce clair-obscur illuminera tout le disque. Train de nuit qui passera par la Mongolie, les îles, celles que vous voulez, le Japon, l’Écosse, le Brésil… Mais ce n’est pas un voyage organisé pour le folklore, d’abord, il fait nuit, donc, chacun y trouvera, dans cet espace, les repères qui lui correspondent. Les rythmes imposés par les accidents de la voie ferrée nous aident à entrevoir la plaine, les collines… rien de bien précis, le bercement des irrégularités régulières des rails nous fait fermer les yeux, le décor extérieur se reflète sur le métal des wagons, la nuit, toutes les notes ne sont pourtant pas grises. Des éclats de voix, de lumière, clapotis, tonnerre, l’obscurité mêle les images, les sons… Reste les rêves d’ailleurs, le souvenir de pays où nous ne sommes pas encore allé, l’envie de découvrir des endroits et des envers que l’on connait déjà. Le train est un funambule qui escalade des partitions à demi effacées qu’il réinvente. Quel que soit son allure, le lit est douillet, les couvertures sont chaudes, le traversin confortable, on n’a surtout pas envie que cela s’arrête. Des images justes suggérées, mais des vraies notes qui font de belles mélodies chargées de chorus intelligents qui parlent à l’âme et au cœur. Ce n’est pas sur un train d’enfer que la locomotive nous invite, mais bel et bien sur un petit coin de Paradis !
FRANCOIS CHESNEL : Piano / FRÉDÉRIC CHIFFOLEAU : Contrebasse / YOANN LOUSTALOT : Trompette, Bugle / FRED PASQUA : Batterie
Par Alain Flèche
Chez Bruit Chic – The smart sounds of bruit chic