Rachel Therrien Latin Jazz Project – Mi Hogar II

Coup de cœur 5 étoiles

20 musiciens et musiciennes, voir liste en fin d’article !!

Rachel Therrien est une trompettiste, compositrice et productrice québécoise. Elle a étudié le jazz au Canada et la musique afro-cubaine à La Havane. Elle a été pluri-récompensée au Canada et a joué avec Ron Carter, Arturo O’Farril, Roberto Fonseca ou Tony Allen. Elle participe aussi à la formation du Canadian National Jazz Orchestra.
L’album « Mi Hogar II » est son huitième, il fait suite à un premier opus inspiré de la musique afro-cubaine. Ce deuxième opus de compositions originales et reprises arrangées permet à Rachel, outre le fait de nous proposer son formidable jeu, de mettre en lumière pas moins de 20 artistes (canadiens, cubains, portoricains, américains etc) sur le mode « All Stars ».

« Fiestas Campesinas » de John Benitez : Entame douce de Manuel Valera au piano puis le collectif plein d’énergie brute prend le pas sur ce « Changüi » (un des plus anciens- 1860-genre musical cubain venant de la partie orientale de Cuba et plus particulièrement de Guantanamo, cet ancêtre du « Son » est une musique des fêtes paysannes -arrosées de rhum-, alliant chants et danses issus des racines bantoues d’Afrique Centrale-), les souffleurs se succèdent, d’abord le saxo ondoyant du Portoricain Ivan Renta, puis la trompette de Rachel Therrien éclate en vifs phrasés, le trombone vindicatif de Rafi Malkiel prend le solo. Quant à la rythmique, John Benitez (Bassiste américain issu du Bronx et compositeur du morceau) garant de ce tempo brut s’immisce dans les intervalles proposés par le batteur cubain Michel Medrano Brindis et les percussionnistes Keisel Jimenez et Carlos Maldonado. Les racines profondes du jazz sont là ! Comment ne pas bouger sur ces rythmes !
«Orun» met en lumière le duo Okan (groupe de musiciennes afro-cubano-canadiennes). Le jeu répétitif du bugle se pose sur le socle rythmique non moins scandé mené cette fois par le jeu complexe de percussions de Magdelys Savigne de Santiago de Cuba (1er membre d’Okan) et la basse profonde de Roberto Riveron, puis le bugle invente des circonvolutions habiles, le piano de Danaé Olano se glisse avec brio dans les espaces ainsi que le violon voluptueux de Elisabeth Rodriguez (originaire de La Havane et deuxième membre du duo Okan).
« Back Home » : Hommage à l’influence historique « latina » sur le jazz présente dès les origines (comme le rappelait Alex Dutilh lors d’une table ronde à Bordeaux – voir dans Action Jazz rubrique Articles puis Billets divers du 15/04/25), les rythmes spécifiques et le jeu percussif se sont mélangés harmonieusement aux soufflants et instruments à corde (venus plutôt d’Europe). Sur l’assise rythmique de feu composée sur ce morceau de Luis Izquierdo à la basse, Lazaro Martinez aux congas, Arturo Zegarra aux bongos, Michel Medrano à la Batterie, la trompette jaillit impétueusement dès le départ, suivie du piano agile de Willy Soto Barreto puis un solo bien rond de basse de Luis précède Rachel très en verve à qui répond le saxophoniste Nestor Rodriguez non moins éloquent : Quelle énergie luxuriante ! »
« Sueños de Cambios » calme le jeu dans un beau boléro où la trompette de Rachel et le violon d’Elisabeth dialoguent avec lyrisme, le piano de Danae Olano et les baguettes de Michel Medrano se font suaves nous promenant dans cette langoureuse ambiance des Caraïbes très cinématographique.
« Soucy » : Cette composition de Rachel qui date de 2008 lorsqu’elle étudiait à la Havane fait briller la puissance des moments de « descarga » où tous brillent en même temps et les solos des « soufflants » dont le puissant et viril trombone de Rafi Malkiel quant à Keisel Jimenez aux timbales (ces futs en cuivre de différents diamètres couverts d’une peau) son jeu nous met en joie !
« Mambo « Chucho » Inflenciado » : Rachel a concocté un arrangement en mêlant un morceau de Chucho Valdès et un de Paquito D’Rivera sur lequel le violon d’Elisabeth Rodriguez dialogue magnifiquement avec les cordes de Roberto Riveron (on reconnait des bribes des 2 compositions d’origine), piano et congas portent la trompette au sommet : super !
« Beauty Free » de Mireya Ramos : Dans la plus pure tradition de la chanson cubaine, Mireya Ramos et Andy Rubal nous entrainent dans une histoire d’amour chantée en duo avec beaucoup d’âme. La trompette de Rachel envoie vivement ses volutes comme des couplets, le violon d’Elisabeth lui emboite le pas, Diomer Gonzalez rayonne aux congas, ce mélange de tempo latino et de jazz nous embarque dans une danse effrénée (la mezcla a la salsa cubana !)

Bref un album indispensable pour la joie et la bonne humeur avec une pléiade de musiciens exceptionnels à écouter absolument :

Rachel Therrien : Trompette, bugle, sur tous les morceaux et compositions
Michel Medrano Brindis : Batterie (tous les morceaux)
Manuel Valera : Piano (1,5)
Danaé Olano : Piano (2,4,6)
Willy Soto Barreto : Piano (3)
Andy Rubal : Piano (7) et Chant (7)
Mireya Ramos : Chant et composition (7)
Elisabeth Rodriguez : Violon (2,4,6,7)
Ivan Renta : Saxophone (1,5)
Rafi Malkiel : Trombone (1,5)
Nestor Rodriguez : Saxophone (3)
John Benitez : Basse (1,5)
Roberto Riveron : Basse (2,4,6)
Luis Izquierdo : Basse (3)
Alex Bellegarde : Basse (7)
Lazaro Martinez : Congas (3)
Arturo Zegarra : Bongos (3)
Keisel Jimenez : Congas (1), Timbales (5)
Carlos Maldonado : Bongos (1), Congas (5)
Magdelys Savigne : Batas (2), Congas (4,6)
Diomer Gonzalez : Congas et Tambora (7)

Label Cuba World Records sortie le 07 Mars 2025
Chronique de Martine Omiécinski

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