Nature Is Inside

[COUP DE CŒUR] Tel un lanceur de bonnes alertes jazz, le trompettiste, bugliste et compositeur Léo Jeannet, vient une nouvelle fois nous offrir sa vision panoramique de la musique. Son parcours prouve cette envie d’espace, un chemin emprunté dès l’âge de seize ans, où il composa nous dit-on pour son premier quartet. « Nature is inside » est le deuxième album du Panoramic Project et confirme l’amour que porte son leader aux larges formations. Celle-ci compte onze musiciens, principalement des cuivres et des bois, auxquels s’associent guitare, contrebasse, batterie et François Vaiana, en invité spécial au chant et aux paroles sur le morceau « Forêts ». Le dessin délicat et rêveur de la pochette, signé Soline Garry, invite à pénétrer dans cet univers surprenant, dont le concept chargé de sens tient dans la phrase de Carl Jung : « Qui regarde dehors, rêve; qui regarde à l’intérieur, se réveille », reproduite à l’intérieur, ainsi que dans les notes de Léo Jeannet, qui décrivent avec finesse les compositions, sur un luxueux dépliant. D’une conception très originale, l’album propose tout d’abord trois thèmes introductifs plutôt courts, suivis de deux longues suites. La construction aventureuse mais maîtrisée du disque et une musique dense et audacieuse, enrichies des précieux commentaires du leader, tentent de situer l’être humain dans un monde moderne en mutation, de l’urbain au végétal, de terres arides en espaces foisonnants, pour enfin évoquer le secret bien gardé de son intérieur lunaire. En cela, ce disque, sorti en mars 2020, était prémonitoire, vu la crise sanitaire vécue depuis. Ainsi, nous voici embarqués dans une captivante histoire, jalonnée de thèmes qui parlent d’eux-mêmes, de « Rebirth » à la « Moon gardens suite », en passant par « Forêts », « Synchronicity » et « Grandir – dancing suite ». Comme un guide tendu à l’homme face à l’adversité, les notes évoquent tour à tour « un souffle nouveau » ou le fait de « se transformer en profondeur ». Elles font aussi réapparaître, comme par magie, « des fantômes de rencontres passées », matière à se ressourcer, alors qu’enfin, il sera aussi question de « garder les traces de partage…même séparés à grande distance », et de saxophones et de cuivres dont les lumières se rejoignent, « entre détachement et reliance ». Dans la période actuelle, ne sommes-nous pas tous particulièrement concernés par ces sujets ? Pour porter un tel projet, il fallait un collectif de cette stature, offrant puissance, cohésion, souffle et fraicheur de jeu, ce qui sert à ravir une musique très actuelle, optimiste, remarquablement écrite, et menée avec précision par un leader, par ailleurs épatant musicien, dont les traits cuivrés saisissants ne s’accaparent pas l’espace, parole étant donnée à tout le monde. En effet, les excellents solistes s’en donnent à cœur joie sur tous les titres, portés par une rythmique de tout premier ordre, solide comme une arche. « Nature Is Inside », c’est finalement un message d’espoir pour le futur, délivré par douze planètes délicieusement alignées, qui s’enjolivent mutuellement et dansent une farandole émotionnelle intense, sur l’écran noir des nuits étoilées, en s’invitant naturellement, au plus profond de notre intimité, pour nous faire rêver, et donc nous réveiller !
Par Dom Imonk
Pousse Pousse Production/ Inouïe Distribution
http://www.panoramicproject.co/
Voici le clip officiel de Grandir :
Léo Jeannet : Trompette, bugle, composition, direction
Valentin Pellet : Trompette, bugle
Nicolas Benedetti, Clément Amirault : Trombones
Étienne Juan-Gesta, Xavier Trombini : Saxophones alto et soprano
Rémi Scribe : Saxophone ténor
Guillaume Guedin : Saxophone baryton
Ivan Quintero : Guitare électrique
Thomas Julienne : Contrebasse
Pierre Demange : Batterie
François Vaiana : Invité voix et paroles
Enregistré au studio Midilive à Villetaneuse (France) – Mars 2020
Mixé et masterisé au studio de Meudon par Julien Bassères.
Sans oublier :
Soline Garry : Dessin
Clara Jaeger : Design graphique
Jean-Marie Guérin : Photos
Julie Mühlsteff : Traduction