Garage Lézarts, Lestiac-sur-Garonne – 22/04/2022 21h

La musique jaillira d’un garage Lézarts. À l’intérieur, un savant bric-à-brac, une roulotte digne du cirque fellinien, une pompe à essence façon années 60, des bustes de mannequins abandonnés, et des instruments qui sortent de partout.

Les bois dignes des cuivres de Chardin s’accordent : violon et violoncelle,  beaux et épurés pour l’instant, un violoncelle, un vibraphone, un xylophone, une guitare, des batteries, des percus, ici et là. Devant, nous, la faune.

Un trombone attend des bras, une trompette trouve son musicien. C’est le moment d’avant. La probabilité du plaisir, la possibilité de la joie. On attend. La musique fait espérer.

On ne sait pas encore…

Les cordes ont commencé, sobre et long lamento, encanaillé par des sons électro, scansion douce venue ébruiter l’entrée en musique. Une voix des ténèbres appelle l’accompagnement de la batterie, du xylo et du vibraphone. Une harmonie sourde interrompue par la fantaisie de la guitare et autre trompette, instant foutraque, bordélisant l’introduction trop sage… Nous entrons dans une immense horloge à la mécanique insolite.

La transe est joyeuse, c’est la répétition qui fait le larron. Ritournelle. Les voix se multiplient, chœurs solidaires, et parfois dissociés. Ya de la féérie… Des clochettes tintinnabulent. Et tous jouent à 100000 volts une musique débordante et généreuse. Les accélérations sont des chevaux de bois qui tourneraient à grande vitesse prêts à sortir du manège.

Les vibra-xylophones tiquetaquent, ça swing, ça déhanche, ça cadence, ça balance. Autant dire que le public est dans le même état.

Morceau insolite…C’est-à-dire petite voix répétitive et le son du vi-o-lon comme une tendre lamentation. Une sorte de petite forme, posée là. Juste un peu. Délicatement.

Brocante musicale. On y trouve de la joie, du temps, des souvenirs, de la surprise. On se promène, ils fouillent.

Orchestre tout puissant Marcel Duchamp ? M’étonne pas !… ça nous enchante. Nos jambes s’agitent, forcément, il y a une telle expressivité dans leur jeu, c’est la profusion habile, jamais en relâche du tempo qui fabrique cet éveil joyeux, intelligemment naïf. L’énergie de l’enfance est traversée par leur musique. Et vice versa. Et quand  ça accélère,  y a plus qu’à se trémousser comme les tout petits ! Et alors ?…Trompette et trombone trépignent aussi, ça leur va bien ! On part au galop, avec eux ; pas prêt de s’arrêter, l’art de la communion dans un garage désaffecté. Ben ouais ! Les mots sont scandés de  la même façon. Nous sommes au cœur d’un feu d’artifice où le bouquet final est continu.

Parfois, nous sommes traversés par des incantations, toujours dépassées par le sens de la fête, l’explosion composée et composite.

Laissez passer les licornes.

Bon, faut pas tourner autour du sujet, y’a de l’orgasme, en veux-tu, en voilà !!

L’air est chargé de végétation luxuriante, plantes qui se déplacent et s’étendent autour de nous. Vraisemblablement. Laissons-nous enrichir. Quelques lianes nous permettent de nous déplacer. Sûrement.

Cheminons, et qu’importe si c’est une transe, ses évocations nous réchauffent l’âme, ensemble !

Par Anne Maurellet