Nicolas Girardi Trio à Cénac – Soirée Jazz club 360
Première partie : Atelier Jazz du Conservatoire à rayonnement départemental d’Agen
Si Jazz360 est célèbre pour son festival annuel, dont la 16ème édition se déroulera du 05 au 15 juin 2025, dans diverses localités des Portes de l’Entre-deux-Mers (Cambes, Camblanes-et-Meynac, Cénac, Quinsac, Langoiran et Latresne), il est aussi connu pour les concerts qu’il propose tout au long de l’année, SoupéJazz aux Acacias et Soirées Jazz Club 360, comme celle à laquelle nous avons assisté en avril dernier. Étaient au programme deux formations très appréciées, issues de la jeune génération que soutient ardemment Jazz360, la première étant l’Atelier Jazz du Conservatoire à rayonnement départemental d’Agen et le Nicolas Girardi Trio pour la seconde. Toute l’équipe nous a accueillis, avec chaleur et amitié, et cette impérissable passion jazz, que nous partageons.

Atelier Jazz du Conservatoire à rayonnement départemental d’Agen
C’est donc l’Atelier Jazz du Conservatoire à rayonnement départemental d’Agen qui a joliment ouvert les festivités, en revisitant quelques standards de jazz, dans la diversité de ton et de racines qui le rendent encore si attrayant pour les jeunes qui l’étudient. Un sympathique quintet qui a jonglé avec les notes bleues, faisant preuve de sérieux et d’application, souvent le sourire aux lèvres, ce qui a réjoui une salle d’aficionados bien remplie et très attentive, comme toujours à Cénac. Les morceaux joués ont été judicieusement choisis en diverses périodes de l’histoire du jazz, des années 30 à l’aube du 21ème siècle, et de styles variés. Citons parmi eux quelques pépites qui furent à l’honneur comme « One For Daddy-O » (Cannonball Adderley), « September in The Rain » (Harry Warren & Al Dubin), « Mare Nostrum » (Jan Lundgren, Paolo Fresu et Richard Galliano), « I Hear a Rapsody » (George Fragos, Jack Baker & Dick Gasparre), « I Nodi e Il Pettine » (Maurizio Giammarco) et enfin « You and The Night and The Music » (Arthur Schwartz & Howard Dietz). Une belle sélection multi climats, mêlant tradition et modernité, et même une suave touche de bossa bienvenue, devinez où ?!
Au final, ce fut un set bien mené et instructif, permettant au public de découvrir certains thèmes pas très connus. Toutes nos félicitations et nos encouragements à ce groupe formé de Chikako Rooney (flûte), Sandrine Bersac (chant), Colin Van Edeen (piano), Emeric Benetaud (basse) et Florentin Beauvais (batterie), avec une mention spéciale à ce dernier, pour son drumming des plus prometteurs !
Par Dom Imonk, photos Christian Coulais, photo de couverture Alain Pelletier.
https://www.facebook.com/crda.agen

Nicolas Girardi Trio
Après avoir décroché le Prix de la Note Bleue au Tremplin Action Jazz 2025, le Nicolas Girardi Trio a certainement dû taper dans l’œil (et les oreilles) des organisateurs de Jazz360, pour qu’on le retrouve ici ce soir, et l’on ne s’en plaindra pas. Voici donc Nicolas Girardi à la batterie et aux compositions, entouré de Vincent Vilnet aux claviers et de Flavien You à la basse, prêts à honorer cette salle culturelle et son accueillante scène, dont les planches en frémissent de bonheur. Nous aussi ! C’est un trio de haut niveau, par son jeu épatant d’abord, mais aussi par la beauté de son inspiration éclairée, moderne, actuelle et colorée, et son message vital. Beauté des grands espaces ornés de fleurs rares, immensité des univers boisés et mouvants, refuges d’oiseaux, et profondeurs des battements et percussions essentiels de la vie, en particulier familiale, se fondent dans la musique.
Voici quelques petits souvenirs du concert.
C’est le délicat « Louélé », dédié à Lou et Elena, les sœurs de Nicolas Girardi, qui a ouvert le set de quelques notes éthérées de Vincent Vilnet, rendez-vous émotionnel. Affleurements de cymbales, caresses de basse, puis touches plus appuyées. L’esquif prend son envol, sur un flot dense et généreux. L’air est alors percuté d’une vive volonté, le tempo s’accélère, le speed percussif s’instaure, imparable, électrisant. Puis coda !
Suit « Club des 5 », un clin d’œil à la célèbre collection de livres de jeunesse. C’est appuyé et technique, le moment des spécialistes qui comprendrons, une histoire de double de croche. Échanges vitaminés, petite ritournelle répétitive et alternance de climats genre chaud et froid, et un beau solo de basse, bref, impossible de s’endormir !
Évocation de souvenirs d’enfance avec le superbe « Chemin de Ronde ». C’est là que Nicolas a grandi, à Bouglon Lot et Garonne. Il y a beaucoup de tendresse là-dedans. Alliance amoureuse de clavier au chant bucolique et d’une rythmique enivrante de sons boisés et percutants qui s’entremêlent, comme les fils solides du tissu de la vie. En prime un chorus époustouflant de Nicolas, on aime, il y en aura d’autres.
Nous fondons à l’écoute de « Cali », dédié à la nièce de Nicolas, qui l’avait aimé quand son oncle la lui joua, durant quelques 10 minutes. Douceur, câlinerie, clarté, yeux émerveillés de l’enfant qui découvre. Les trois sont à l’unisson, pour soutenir cette belle histoire. Vincent à des fleurs d’été dans ses notes, Flavien des touches précises et charnelles qu’il capte au plus profond de lui, avec la même précision qu’il saisit les oiseaux avec son appareil photo. Nicolas est époustouflant, car la puissance de son jeu, sa profondeur, saisissante mais jamais étouffante, est en fait de la délicatesse révoltée.
« Primavera », ce sont les souvenirs du confinement, où Nicolas invita une quinzaine de musiciens à jouer ensemble sur une vidéo. Un beau chorus de basse et le piano ouvrent la porte à un lyrique printemps, bientôt rejoints par les arcades cuivrées des cymbales et les impacts déterminés des tambours. Break funk, respiration, puis solo esthète de batterie, du feu, imparable !
« Tictac », c’est l’histoire d’une horloge un peu cassée, qui fait passer le temps à sa manière, ses aiguilles sont « préparées », croisement improbable entre John Cage et un EST électrocuté peut-être ? Les notes défilent sans limite, comme des électrons libérés. Très beau chorus de piano, soutenu par un rythme effréné, les aiguilles tournent dans tous les sens, le temps explose ! Mais quelle heure est-il finalement avec tout ça ?! Il n’est pas trop tard pour un dernier morceau !
En rappel « Phlan », un titre fait des initiales des parents et des sœurs de Nicolas. Autre touchante marque de la fibre familiale. Le morceau débute en syncopes basse/batterie, puis surviennent les mots colorés du piano. De l’amour tendre, et une intense vie surgissent de chaque son, les trois complices sont comme un seul être vibrant à chaque suggestion, entre calme et ardeur. Deux ou trois notes de piano, et c’est fini. Saisissante conclusion pour un concert où la créativité foisonnante du jazz moderne s’est naturellement alliée à la fureur maîtrisée du rock. Nous ne l’oublierons pas, et cela donne bien envie d’une suite, bravo messieurs !
Une très belle soirée qui fut agrémentée des excellentes assiettes concoctées avec amour par l’équipe des bénévoles et par les vins délicieux du Château Le Sens (Saint Caprais de Bordeaux) www.chateaulesens.fr. Enfin, comme indiqué en introduction, le Festival Jazz360 approche début juin, vous pouvez dès à présent y retenir vos places sur le site, la programmation est géniale, venez !!
Merci à Jazz360 et à ses équipes, au public, ainsi qu’aux formations qui nous ont beaucoup donné ce soir.
Par Dom Imonk, photos Christian Coulais, photo de couverture Alain Pelletier.