Musical Écran 11ème édition !

Cette année s’est déroulée la 11ème édition du Festival Musical Écran, avec son lot de découvertes musicales variées, souvent porteuses de messages forts, à l’actualité et l’urgence non feintes, qui ont marqué sa programmation, laquelle a proposé pas moins de 30 documentaires musicaux, incluant 15 avant-premières. Une semaine pleine à craquer de surprises sonores aux sujets ouverts et inattendus, en particulier sur le jazz, et l’un de ses plus grands représentants, le Montreux Jazz Festival, dont nous avons pu découvrir l’histoire et celle de son créateur Claude Nobs, sur les rives du Lac Léman ! Les séances se sont déroulées à Bordeaux du 8 au 15 novembre, principalement au Théâtre Molière et au Megarama. Les organisateurs ont d’ores et déjà annoncé plus de 3 500 spectateurs cinéma sur la semaine, pour 31 projections soit une moyenne de 110 par séance. A cela s’ajoutent à peu près 1000 personnes aux évènements dj set party ouverture et clôture, soit 4500 en tout ! Des chiffres qui soulignent le succès de cette nouvelle édition et doivent être salués, tout autant que le film 𝗚𝗼𝗼𝗱𝗯𝘆𝗲 𝗛𝗼𝗿𝘀𝗲𝘀 : 𝗧𝗵𝗲 𝗠𝗮𝗻𝘆 𝗟𝗶𝘃𝗲𝘀 𝗼𝗳 𝗤 𝗟𝗮𝘇𝘇𝗮𝗿𝘂𝘀 de Eva Aridjis Fuentes, qui a remporté le Prix du Public de Musical Ecran 2025.
Coup de chapeau à l’équipe de Musical Écran, sous l’aile généreuse de l’association Bordeaux Rock que préside José Ruiz, entouré d’une précieuse équipe de programmation et de communication, que nous remercions pour leur invitation à co-présenter le film et à en co-animer le débat à l’issue de la projection, et leur accueil chaleureux :
Aymeric Monségur (Directeur de l’Association Bordeaux Rock), Pascal Bouaziz (Auteur, compositeur et interprète), Jennifer Bogo (Chargée de production pour Bordeaux Rock), Émilie Cabezas (Ingénieure du son et image indépendante), Sonia Gonzalez (Réalisatrice de films documentaires), Nina Guyot (Chargée de projets et de médiation pour Bordeaux Rock), Bruno Bertrand (Chef de projet territorial pour la Mairie de Bordeaux) et Emmanuel Cier assisté de Clarisse Cante et Camille Canevet (Communication, partenariats).
Nous avons donc eu le plaisir d’assister à la projection du film : They all came out to Montreux !
Mardi 11 novembre 2025 – 13h30 – Théâtre Molière
They all came out to Montreux !
Film écrit et réalisé par Oliver Murray, producteur exécutif Quincy Jones. (Royaume Uni – 2021)
Rendre possible l’impossible, l’histoire de Claude Nobs et de son festival de Montreux.

Après une brève présentation, les premières images défilent et fixent l’attention d’un public averti qui malgré le jour férié est venu découvrir « They all came to Montreux ! » en français « Ils sont tous.tes venu.e.s à Montreux ! », un vibrant hommage au génial Claude Nobs, un ovni fou de jazz et de tant d’autres musiques, un vrai visionnaire humaniste et généreux qui créa en 1967 le Montreux Jazz Festival, avec des appuis divers, sa hiérarchie à Montreux, de fidèles amis, des artistes et le public, et y programma tant de merveilles de divers courants musicaux.
Son amour du jazz remonte à son adolescence, quand il découvrit les disques que son père rapportait à la maison et qui furent une révélation pour lui. Il entrait tout neuf dans l’œuvre des très grands, Ella Fitzgerald, Duke Ellington et de bien d’autres et non des moindres. Il écouta aussi beaucoup la radio, en particulier l’émission « Pour ceux qui aiment le jazz » animée par Franck Ténot et Daniel Fillipachi sur Europe 1, relayée par l’antenne du Luxembourg, l’occasion d’écouter Ray Charles, John Coltrane et Joe Turner. Après des études de cuisinier, il est embauché en tant que comptable à l’Office du Tourisme de Montreux, sa ville natale et commence à envisager l’organisation d’un petit festival, 3 jours en 67, le vrai départ où il reçoit une petite enveloppe financière de son patron validant le projet, ainsi que le fit le maire de la cité. Et ça marche, le feu jazz a pris ! Il fallait réveiller cette jolie ville, un peu endormie au plan culturel, et dont les abords sont magnifiques, Lac Léman, Montagne, air pur etc…
N’ayant déjà pas froid aux yeux, et surtout aux oreilles, il cherche d’autres appuis. Il trouve alors l’adresse du label Atlantic Records sur un disque et s’envole à New-York pour rencontrer sans rendez-vous les frères Ertegün qui dirigent le label et le reçoivent quand même, séduit par ses propositions de partenariat, et aussi par l’opportunité de faire connaître leurs artistes en Europe, par le biais de ce nouveau festival. De plus, leur père avait jadis été ambassadeur de Turquie à Bâle, ce qui a dû renforcer les liens.
Le festival prend ainsi son envol pour atteindre assez rapidement une programmation sur 15 jours.
Au fil des éditions, les plus grandes stars se produisent à Montreux, citons parmi tant d’autres Ella Fitzgerald, Nina Simone, Stan Getz, Bill Evans, Sonny Rollins, Count Basie, Charlie Mingus, Ray Charles pour un jazz de figures historiques disons plutôt traditionnel, mais des variantes du jazz furent aussi programmées…Du free-jazz avec l’Art Ensemble of Chicago, du jazz rock avec Miles Davis ou Weather Report, du Jazz Funk avec Herbie Hancock etc …La liste est longue.
Le vrai passeur de musique qu’était Claude Nobs n’hésita pas à ouvrir en grand les bras du festival, et donc les siens, à la diversité musicale, bouillonnante vers la fin des sixties et le début des seventies. A l’époque, le rock attirait toutes les attentions grâce à des artistes tels que David Bowie, Deep Purple, Queen, Led Zeppelin, Sting, Pink Floyd, Santana, Van Morrison… Presque tous s’y produisirent !
Le blues, le Rythm & Blues, le funk, la soul y eurent aussi leur place, Aretha Franklin, Roberta Flack, Bo Diddley, Muddy Waters, Buddy Guy, James Brown, George Clinton, Prince et Marvin Gaye qui fut l’un des plus difficiles à convaincre !
Les musiques world, reggae, brésilienne, notamment avec Gilberto Gil ne furent jamais oubliées.
Parmi les images inoubliables qui circulent au gré des sons, impossible d’oublier à un moment le regard de Nina Simone, des yeux qui en disent long sur sa vie, sur l’Amérique, sur ses luttes…
On n’omettra surtout pas d’indiquer la présence aux côtés de Claude Nobs de Quincy Jones qui avait sollicité cette collaboration, qui dura 3 années. En juillet 1991, ultime concert de Miles Davis, sous la baguette de Quincy Jones dirigeant un big band et reprenant du Gil Evans. Miles avait accepté, bien que désormais seulement intéressé par ses morceaux actuels, et non des reprises « où il faut apprendre toutes les notes, donc c’est plus cher ! ». Dernier concert du Maestro de la trompette, au bord du Lac Léman, avant son départ vers la jam céleste fin septembre 91…
Le Montreux Jazz Festival c’est aussi une démarche d’enregistrement, avec son mythique studio « Mountain Studios s.a. » qui accueillit les plus grandes figures, notamment du rock voire hard-rock, mais chuuuut, point trop de spoiling !
L’un des phénomènes marquants pour les fans, c’est le grand nombre d’album live captés à Montreux, qui sont dans le commerce, et permettait selon la vision de Claude Nobs de mettre en avant sa ville. Voir inscrit sur une pochette d’album le fameux « Live in Montreux », c’était mieux qu’une carte de visite, c’était magique !
Autre œuvre majeure de Claude Nobs et ses équipes, c’est l’enregistrement obstiné de tous les concerts depuis 1968, récemment numérisées. Un trésor pour la planète entière, un patrimoine incroyable, d’ailleurs inscrit à ce titre sur un registre spécial à l’Unesco.
En plus de tout cela, c’est l’amitié et la générosité de Claude Nobs qui sont très touchantes, cette capacité à accueillir tous ces musicien.ne.s, pas uniquement pour leurs musiques et leurs concerts, mais afin de créer une certaine intimité décontractante, les réunions barbecue au soleil, les soirées petits gâteaux et coupes de champagne, la fête, et ces occasions de plaisirs partagés et de bonheur !
Dans ce milieu devenu très concurrentiel et à ce niveau d’importance, rien n’est facile. Le film aborde aussi des aspects économiques, sociaux, le coût du développement, ses limites. Le prix de la prise de risque et la déception parfois face à « l’impossibilité » toujours combattue par Claude Nobs, qui pensait qu’impossible n’existe pas, et que tout est possible.
Tristesse infinie lors du tragique départ de Claude Nobs le sinistre 10 janvier 2013… Des témoignages très touchants de ses amis et proches défilent sur l’écran. Particulièrement celui de Prince qui joua 3 jours la même année au Montreux Jazz Festival, la première fois pour lui, sans avoir jamais rencontré son créateur. Comme du baume au cœur, la force de ce film d’amour, ce sont aussi ses très belles images, souvent inédites, qui fixent les souvenirs et se promènent sur la toile, tel un kaléidoscope émotionnel. Et la voix chaleureuse de Claude Nobs lors d’interviews ou quand il présentait les concerts. Le père, mais aussi et surtout le guide du festival.
Des messages de grand espoir son partagés pour la suite. Le Montreux Jazz Festival continuera, c’est ce qu’aurait voulu Claude Nobs, qui a consacré une très grande partie de sa vie à la musique, dans sa magnifique diversité qu’il a inlassablement fait connaître et apprécier, qui a aimé ces artistes, comme des sœurs et des frères, et qui, plus que tout, voulait le bonheur des gens, qu’ils soient heureux !
Au final ce film beau à en pleurer libère beaucoup d’émotions, en racontant une histoire humaine riche, définitivement inscrite dans celle de la musique, et de cette phénoménale aventure ! Pour preuve, la teneur vive du débat qui a suivi, montrant l’attachement d’un public de connaisseurs passionnés à de telles évocations, et des échanges qui furent d’une grande qualité. Fortes pensées à Musical Ecran dont il est à espérer que son festival continue, même si c’est de plus en plus difficile d’organiser ce type d’évènement, qui ouvre les esprits et rend libre la pensée ! Alors que le ciel de la Planète tend à fortement s’assombrir, activons-nous, selon nos moyens, à aider à ce qu’au contraire, il ne cesse de s’éclaircir, c’est vital pour toutes et tous !
La fête 2025 s’est achevé le 15/11. Mille merci à toute l’équipe ! Rendez-vous en 2026 ! Peace and love !
Par Dominique Poublan (alias Dom Imonk). Affiches et photos copyright Musical Écran et les labels pour les pochettes des disques.
https://www.facebook.com/FestivalMusicalEcran


Galerie de pochettes d’albums « Live in Montreux », loin d’être exhaustive ! :






















