Curiosity

DAVID CHEVALLIER : Guitares, Compositions
LAURENT BLONDIAU : Trompette
SEBASTIEN BOISSEAU : Contrebasse
CHRISTOPHE LAVERGNE : Batterie

La curiosité n’est pas toujours un mauvais défaut. Surtout quand elle consiste à découvrir le monde qui nous entoure, à l’aune du temps passé, et de son lot de vécu. C’est aussi pousser les limites de ses capacités par-delà l’habituel, sans craindre les risques qui longent ce nouveau chemin. Pour nous, auditeurs, la curiosité nous méne à écouter ce que nous n’avions encore entendu, prendre le risque, aussi, d’ être surpris, déçu, emballé, et autres sentiments inattendus. Explorer les voies du possible ! Chercher et rechercher…
« Le désir de connaître le pourquoi et le comment est appelé curiosité » T.Hobbes
David chevalier plonge dans sa réserve de guitares, attrape son trio régulier, pour nous raconter de nouvelles histoires. Cela ne l’empêche pas de jeter un coup d’œil en arrière, cerner son parcours et se situer dans le présent. Il se souvient d’un coffret ECM dédié aux guitaristes des ’80, du choc perçu et de la direction stylistique qui s’ensuivit. Souvenir d’avoir côtoyé le merveilleux John Taylor, et son non moins talentueux compagnon de route : Kenny wheeler. Désireux de poursuivre l’élan de curiosité développé avec John, il convie naturellement le trompettiste belge Laurent Blondiau dont le lyrisme, le style d’improvisation très libre et les incursions brèves ou soutenues dans le suraigu le rapproche du jeu du grand Kenny. Il apporte, de plus, à l’aide de multiples accessoires, un son, un humour et un jeu bien personnel qui a déjà séduit A.Emler et A.Darche
David a navigué, outre le jazz, entre le baroque, la pop, le contemporain, l’électro… , on va rencontrer ces influences tout le long de ce disque, pourtant résolument jazz ! Concernant son naturel sens de l’impro, pour s’en convaincre il suffit de se rappeler, de réécouter, sa collaboration avec V.Ceccaldi (Zèbre). La section rythmique est assurée par Sébastien, un ancien de chez D.Humair, M.Hermia ou S.Rifflet…, gage de professionnalisme et de liberté assumés et maîtrisés. La batterie est rompu à maints exercices de styles exigeants après ses passages chez « le Gros Cube », « Thôt » ou G.Orti, on le sent donc bien à son aise sur chacun des différents tempi de cet album.
De fait, les 8 compos de David précédant un thème de H.Purcell, ont chacune leur intention, intensité, fond et forme propre. Un éventail du talent du compositeur qui n’a pas oublié son passé qui lui sert à avancer toujours plus loin. Quelque soit les réminiscences des chansons proposées ici, on les sent largement ancrées dans le présent, pleines de sens, de vie, de joie, de musique ! Sons variés, non pas variété, au gré d’arrangements jamais dérangeants, de distribution des rôles non figés, guitares choisies et adaptés aux nécessités du moment, parfois en avant, pas systématiquement, ouf, on échappe au syndrome du guitariste leader.
Ambiance festive, rêverie subtile, promenade en duo, bataille de cartes maitresses, ballade paresseuse, coup de vent surprenant… avant une libre interprétation d’ un thème du maître du Baroque : une impro libre où les instruments se joignent un par un, se dégage un tempo rythmique, des harmonies un peu décalées, souvenir de musique ancienne, actualisée, customisée, cuisinée à la sauce pur bonheur ! Où l’on voit, une fois de plus, que des barrières les plus étroites naissent les plus grandes libertés ! (l’impro était fréquente, et encouragée à l’époque du baroque… où l’écriture musicale se cherchait encore !)
Cette musique ressemble bien à son investigateur : pleine de joie et de rires, de douceur et de sentiments, de folies et de sagesse . Bravo, et merci David. A la prochaine !

Chez : YOLK
Par : Alain Fleche