
Le Palais Royan Événements lance Jazz au Palais – 26 septembre 2025
Baptiste Trotignon, piano
Yoni Zelnik, contrebasse
Francesco Ciniglio, batterie
et fait salle comble.
Baptiste Trotignon nous met juste dans le tempo, rapide immersion pour qu’advienne le jazz qui absorbe les teintes du rock. Ça swingue avec la batterie de Francesco Ciniglio et la contrebasse de Yoni Zelnik. Le jeu nerveux de Baptiste n’a de cesse de capter le swing, de faire rouler la musique, il saisit ses rondeurs, accroché au rythme, c’est d’emblée jubilatoire. La batterie et la contrebasse assurent, lancées à toute allure. Le jeu du pianiste varie constamment, structurant avec exigence Drive my car. Le piano en trépigne de joie, la montée en puissance est phénoménale.
Les harmoniques sont d’une beauté à couper le souffle. Partir de standards du rock, les honorer, mais aussi les sublimer comme une fête magnifique. Baptiste Trotignon reprenant les mélodies de Radiohead avec Karma Police, puis plus loin Mother’s little helper… les change de tonalité, en explore toutes les possibilités jazzistiques avec une tendresse infinie. Il les décompose pour les développer à nouveau, en entendre les sonorités, leur élégance. La contrebasse de Yoni Zelnik le suit, swingueuse à l’envie, sans trêve, creusant, fouillant. La batterie de Francesco Ciniglio rebondit parfaitement pendant que Baptiste Trotignon s’obstine somptueusement. Du grand art.
Des accords répétés dans une tension laissant place à la mélodie afin qu’elle se développe, tout est chantant et délicieux, les balais précis de Francesco l’accompagnent, la contrebasse s’immisce finement, encore un moment magique où, c’est le rock qui s’encanaille finalement ! Un Message in a bottle.
Soutien d’une batterie déchaînée, les accords de Baptiste en attrape l’épilepsie. On a la tête explosée…de joie !
Le batteur prend un soupir de plaisir en utilisant ses balais métalliques, nous aussi, la contrebasse pose ses incrustations, découpe patiente du swing. Les envolées de Baptiste Trotignon s’enrichissent constamment, les passages lyriques, quoique stylisés alternent avec des accords où le silence se glisse afin que les sons se marient encore mieux. Le fluide entre les trois musiciens touche à la perfection, sensibilité (musicale) aigüe, s’écoutant pour lier davantage encore leur passion commune. Les développements de Baptiste Trotignon sont en fait des dentelles constamment redessinées dès que posées sur le clavier du piano. We are the champions en témoigne.
Tous trois savent jouer parfaitement, dans les deux acceptions du mot, relançant follement le tempo, ralentissant aussi pour la délectation de la décomposition/recomposition des mélodies.
La batterie trépide, maîtrisant les rythmiques, pétaradante, cahotante. S’en suit un swing d’enfer, hypnotique.
Les mélodies survivent bien sûr aux multiples attaques du jazz, elles n’en sont que plus lumineuses, submergées, encerclées, jaillissant peu à peu du jazz tumultueux. Et si Baptiste Trotignon semble parfois s’évader, c’est juste qu’il compose encore sur la composition pour qu’elle réapparaisse ainsi parée ou qu’au détour d’un We are the champions, virevolte, et prenne de sacrées courbes, une transfiguration habile à la contrebasse de Yoni Zelnik jusqu’à l’obsession. Ça groove aussi, mais un groove délicat et félin.
Majestueux !
Par Anne Maurellet











