Alex Stuart – Refuge

Alex Stuart – Guitar
Irving Acao – Saxophone and Keyboards
Arno de Casanove – Trumpet, Keyboards and Voice
Benoît Lugué – Bass
Antoine Banville – Drums
Il y a des albums qui semblent surgir d’un besoin vital. Non pas celui de briller ou de séduire, mais d’exister pleinement, comme une respiration à part, une enclave de beauté dans un monde troublé. Refuge, cinquième opus du guitariste australien Alex Stuart, appartient à cette famille-là.
Ce disque est d’abord l’histoire d’un collectif. Celui qu’Alex Stuart forme avec ses compagnons de route : Irving Acao (saxophone, piano, claviers), Arno de Casanove (trompette, voix, piano, claviers), Benoît Lugué (basse) et Antoine Banville (batterie). Une formation soudée par le temps, les tournées, les drames aussi – comme ce concert de soutien donné après les attentats de novembre 2015 – et qui trouve ici une forme d’accomplissement.
Après un long silence imposé par la pandémie et la suspension des tournées en 2020, le groupe se retrouve enfin, en résidence, pour enregistrer cet album en 2024. Et ce qui en ressort tient autant de la confidence que du manifeste. Refuge, comme son nom l’indique, est un espace à part : un lieu sonore intime, poétique, traversé de vents contraires et de douces éclaircies.
Jazz, post-rock, musiques du monde, minimalisme : les influences s’entrelacent avec souplesse. La guitare d’Alex Stuart n’y cherche pas la démonstration mais le tissage. Elle caresse plus qu’elle n’attaque, propose des lignes mélodiques simples, parfois fragiles, toujours ouvertes.
Simple Things ouvre l’album avec une belle rythmique pulsante et des accents de rock progressif.
Très dynamique, Among The Clouds nous fait décoller, tous cuivres sortis, vers un vaste horizon musical, un festival de synthés, de saxo et de trompette, avec une section rythmique toujours puissante et impeccable. Étonnamment, la guitare est plutôt discrète.
Plus cristallin, toujours nimbé d’une mélancolie discrète sous la jubilation d’une richesse musicale et harmonique omniprésente, The Cat met à l’honneur la virtuosité de chaque membre du groupe, et surtout nous permet de rencontrer plus intimement le jeu d’Alex Stuart, très intéressant, à base de chromatismes et d’arpèges plaqués. Quand je dis la virtuosité de chacun, ce n’est pas dans l’idée de briller, mais toujours au service du morceau et du collectif.
Dans Simple Things / Open Arms (le titre parle de lui-même !), le saxophone et la trompette dialoguent magnifiquement, et Alex Stuart déploie la finesse de son jeu. Ne tombons pas dans le piège des étiquettes, les puristes West Coast seront déconcertés, mais c’est vraiment bien fait, très bien produit, redoutablement agréable à écouter. C’est une musique qui respire, qui lève les yeux vers le haut, qui donne de l’espoir.
Refuge, le morceau titre de l’album, avec sa drôle de rythmique entre ternaire et 4/4, évoque une ritournelle hypnotique et endiablée survolée par la trompette d’Arno de Casanove.
Awe (en anglais : l’émerveillement) arrive à faire coexister puissance et délicatesse dans le même espace sonore. Ici encore, la guitare d’Alex Stuart nous réjouit par sa finesse, son jeu très instinctif oú la technique n’est jamais une affectation, le son subtilement enroué de sa Telecaster.
Les beaux arpèges de Crossing Paths parlent de qui, de quelle rencontre, de quel dilemme? On sent dans la profondeur harmonique que ce morceau a une histoire, qu’il raconte un moment de vie bien particulier…
L’album se referme sur Unconditional Love, une ode à l’humanité portée par la trompette délicate et inspirée d’Arno de Casanove, et oú tout s’harmonise dans des envolées vocales et instrumentales qui décidément évoquent parfois, j’y reviens, les meilleures années du rock psychédélique (et c’est un bonheur).
La pochette, superbe vue aérienne, très esthétique, d’une jeune femme seule flottant dans l’ocean, dit tout du propos : un monde vaste, ondulant, un peu mélancolique, mais infiniment habité. Et c’est peut-être cela, la force du disque : une ode sans emphase à ce qui persiste, à ce qui relie. Une beauté « simple mais omniprésente », selon les mots du texte de présentation – et qui, dans le tumulte ambiant, devient précieuse.
Alex Stuart joue sur une PRS Custom 24 et une Fender Telecaster.
En pédales de guitare il utilise:- IIbanez TS9 Tube Screamer – Strymon Flint – Dunlop Volume (X) – JHS Lucky Cat Delay – Et aussi une Mondegreen de Blood Noise Endeavors, de temps en temps.
Par Pops White
Label : Jazz Family
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