Salle « Arc-en-ciel » à Chalais (Charente), 29 novembre 2025

Sophie Alour : Saxophone ténor
Pierre Perchaud : Guitare
Tony Paeleman : Claviers
Karl Jannuska : Batterie
Dimanche hivernal, soirée fraîche, pourtant la jolie salle ‘Arc-en-ciel’ de Chalais est comble, 200 fidèles auditeurs se sont rejoints pour l’occasion, ils seront comblés !
Un concert proposé par le festival local bien connu ‘Respire jazz’ qui en profite pour nous annoncer… qu’ils font un break en 2026, et donc, prochain festival en 2027. Ils nous présentent cependant ce soir :
Sophie Alour. Elle apprend le saxophone en autodidacte, Démarre sa carrière avec S.Belmondo, C.Del Sasso, puis rapidement joue chez Rhoda Scott, W.Marsalis, Joe Lovano, A.Akimusire… Elle enregistre 8 disques et tourne dans le monde entier, souvent avec :
Pierre Perchaud, guitariste qui n’arrête pas depuis 2000 d’être sollicité par tout ce qui compte dans la scène jazz actuelle française ( Anne Paceo, Michel Legrand, Vincent Peirani, Emile Parisien, Michel Portal..) et autre (Chris Cheek, Jorge Rossy …)
Tony Paeleman, pianiste mais aussi producteur, ingé son, très actif sur tous les fronts, 3 disques originaux au compteur.
Était prévu un trio, finalement nous avons le plaisir de voir débarquer le batteur Karl Jannuska qui va compléter la formation. Né au Canada, il réside en France depuis 2000. Présent dans une centaine de disques, la liste de ses partenaires prestigieux est longue (Kenny Wheeler, Lee Konitz, Mark Turner, Randy Brecker, Brad Mehldau, David Liebman, Émile parisien, Michel Donato…)
Les 4 se connaissent bien, depuis longtemps, et nous le montre !
Dès les premières notes, on se sent tout de suite chez soi ! Ça sent bon la chanson française, avec de belles mélodies expressives et chantantes, des arpèges recherchés et fluides, une basse confortable assurée par les claviers, des balais qui chassent la poussière du conformisme, des baguettes joyeuses qui s’inventent à chaque mesure, le saxophone bien calé sous des doigts agiles sans être démonstratifs, juste ce qui est nécessaire pour embarquer les auditeurs dans des histoires du quotidien, avec, enfin, des accélérations d’intensité… entre D.McCaslin et J.Redman, en plus contenu mais tout autant expressif et revigorant, bien assis dans le paysage évoqué que quelques pulsions rock viennentt épicer sans s’imposer.
C’est un nouveau répertoire que le sextet de la saxophoniste répète actuellement pour leur prochain enregistrement, adapté ici pour le quartet qui en extrait toute la moelle.
L’ambiance générale est à la balade où la dame est reine faisant briller un sax souple, lyrique avec peu de notes bien choisies et une émotion palpable que tous reçoivent, une gratitude envers ce partage jaillit de toute la salle. Quelques soli fleuris du guitariste qui a un peu le physique de John Scofield et le jeu précis et acéré qui entraîne le ‘band’ dans un tourbillon extatique. Les claviers et synthé enrichissent le son commun de trouvailles multiples et diverses qui colorent l’espace pendant que la batterie chantante se cale sur les mélodies pour en exposer les différentes facettes en touches inspirées sur sa riche palette d’inventivité jamais à court de nouveautés rythmiques toujours en phase avec le discours engagé par la tribu.
Cette douceur quiète peut aussi évoluer sur un versant plus binaire, incisif, façon rock où le sax s’envole dans une expression ‘free’ sans perdre sa douce féminité et son audible rigueur.
Des chansons qui tirent vers le haut, sentimentales et spirituelles, élevant corps et âmes, pas à pas délicats, notes à notes feutrées du sax qui nous emmène vers les étoiles brillantes de volupté.
Ce sont des morceaux assez courts avec des digressions, des expansions plutôt que de longs chorus. Des titres qui s’enchaînent librement composant un tableau chatoyant de couleurs superposées mais distinctes où chacun vient se fondre en se retrouvant unis dans la même direction d’intention.
Balades promenades, le pas se presse, on dévale la pente, toboggan pacifique, campagne vue du train nonchalant, montagnes esquissées, rivières rafraîchissantes, imaginaire de 4 artistes qui jouent à se mélanger pour mieux s’entendre…
Une berceuse pour parents sages, humeurs et réflexions à propos d’ une progéniture chérie.
Évocation de ‘l’été’. Souvenirs estivaux de farniente lascif, les jours qui passent trop vite. Sax solaire, vagues d’arpèges et clavier électro bord de l’eau.
Un passage nuageux suit quelques notes empruntées au grand classique de Django. Une brise légère et coquine émane du sax et donne des formes bizarres aux nuées qui s’amassent. Gouttes de pluie sur la batterie et le clavier. Encore un coup de vent et revoici le soleil.
Un goove funky clos le répertoire. Un coup de blues sur bottle-neck se transforme en beat rock généreux pour lever la salle… hop. Et voila !
Pas de morceau prévu pour le rappel, hésitation, avis du public, allez on se refait le 1er titre, en plus chaud, plus approfondi. Youpi !
Une belle leçon de simplicité étudiée. Comment tout dire en peu de notes. Contenter le néophyte et l’amateur éclairé… Pari tenu. Nous sommes tous rentré heureux de ce beau moment de communion, chacun ayant trouvé ce qu’il en attendait, y en avait même un peu plus… !
Un beau cadeau avant Noël !
Par Alain Fleche











