Thomas Naïm – May This Be Love (Acoustic guitar takes on Jimi Hendrix)

Hendrix. Un OVNI à la trop courte vie (mort à 27 ans), qui a traversé les années 60 et leur folle créativité, et en 5 albums officiels (dont seulement 3 de son vivant), a marqué toute la musique dite moderne , et semé de véritables joyaux musicaux, que l’on peut difficilement classer dans un style, tant ils sont riches, au niveau mélodique, rythmique et surtout sonore, tant il a révolutionné l’univers de la guitare électrique.C’est un musicien immortel, ses morceaux nous semblent intemporels.

Les albums du genre « tribute to », ou « hommage à » sont légions, concernant Hendrix, cela dans différents styles : rock, pop, jazz, interprétés par d’immenses musiciens (Eric Clapton, Jeff Beck,Youn Sun Nah , Poppa Chubby,…), parfois un peu trop imprégnés du style de ces interprètes.

Au travers de ces albums, on entend des musiciens qui aiment la musique de Jimi, qui la connaissent, et qui en donnent de très belles interprétations. Mais là, avec cet album, il semble que Thomas Naïm a compris, au sens littéral, Jimi Hendrix ; on a la sensation d’une connexion avec le génial guitariste. Comme s’ils s’étaient rencontrés, et avaient pu échanger sur la teneur du propos musical. Les morceaux sont très souvent épurés, et surtout dépourvus des artifices magiques apportés par la guitare électrique, Thomas Naïm, en virtuose, interprétant tous les morceaux en solo et à la guitare sèche. Et quelle(s) guitare(s) ! Une superbe sonorité, profonde, avec parfois de l’écho. On est à l’essentiel, et des morceaux comme « Spanish Castle Magic » nous apparaissent presque comme une balade, avec, en clin d’œil , un passage très hispanisant.

Hey Joe, avec une surprenante introduction de style néoclassique, ouvre le bal, avec une ambiance quasi mélancolique. Morceau repris par de nombreux artistes, et ici dépouillé de tout artifice.On est sous le charme tout de suite.
Issu du premier album d’Hendrix, Manic depression posséde originellement une structure particuliére. Thomas arrive à reproduire la rythmique du morceau d’origine, avec de très belles interventions, une vision très personnelle.
Sergent Peppers, des Beatles forcément, étonnant dans ce disque, mais Hendrix le jouait en live.

Drifting , issu de l’album posthume « Cry of Love », très jolie ballade, où Thomas part très loin dans un magnifique chorus.
Evidemment, le Voodoo Child se devait d’être présent.On retrouve bien sûr la célèbre introduction, suivi par une réinterprétation très originale.
Thomas, pour The wind cries Mary, aprés l’introduction, part dans une interprétation par moment jazzy.
Suivi par Jealous Guy, de John Lennon, pétri de sensibilité. Superbe interprétation, toute en retenue.

Purple Haze, particulièrement revisitée, avec une atmosphère très sombre, sur une rythmique tribale.
Tiré d’Axis bold as love, la ballade One rainy wish, se termine sur une simple suite de 2 accords répétés ad lib. Thomas nous emporte dans cet univers psychédélique, peuplé de fleurs et d’étoiles.
Crosstown trafic, la version du morceau d’origine particulièrement expressif de Jimi, est constitué ici tout en breaks et contre temps.

Spanish Castle Magic, sans doute le morceau le plus revisité par Thomas, on est très très loin des riffs ravageurs de l’introduction d’origine. Superbe réinterprétation.
Cherokee blues, moins connu,sur un thème obsédant servant de toile de fond, Thomas tisse ses interventions sur très peu de notes. Morceau à ambiance.
May this be love enfin, ferme cet album. Lui aussi pétri d’émotion et de sensibilité.

Cet album est magnifique, et très émouvant, une mélancolie se dégageant très souvent, évoquant le drame de la disparition de ce génie. On réalise à nouveau, si besoin était, l’importance de la création de Jimi Hendrix, ici avec un accord parfait trouvé par Thomas Naïm, ses guitares et une prise de son superbe. La profondeur des mélodies est constamment et parfaitement servie par la virtuosité de Thomas Naïm. Un conseil pour les amoureux de Jimi, pour la première écoute, ne regardez pas la liste des morceaux. Devinez-les lors de l’écoute. Vous aurez du mal sur certains morceaux. Et vous serez par moment perplexe à la lecture du titre, en vous disant : bien sûr, maintenant je l’entends.

Par Pierre-Yves Miroux

Chez Rootless Blues.

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