Paul Morvan – Dedicated

Paul Morvan (batterie)
Dmitry Baevsky (sax alto  #1-5, 7-10)
Hugo Lippi (guitare  #3, 4, 6, 9)
David Wong (basse)
Christelle Raquillet (flute #3 & 7)


Pour un batteur, la réalisation d’un album peut être un écueil. Cela peut ressembler à une démonstration de virtuose, les musiciens accompagnateurs servant avant tout de faire valoir. Avec cet album, Paul Morvan nous prouve que l’on peut faire autrement. C’est un virtuose, avec déjà, une sérieuse carrière derrière lui, présent, mais pas omniprésent sur ce disque. Tous les musiciens ont une place à part entière, et il leur apporte son support sur tous les morceaux, les chorus y étant nombreux, tout en restant le « patron ». Il signe de plus 2 morceaux, dont une superbe ballade. A noter, un très beau son de batterie, à priori celui de la batterie de Roy Haynes, utilisée lors de ses passages en Europe.

C’est son premier disque en tant que leader, un album cohérent, équilibré, très plaisant, alternant les standards très originalement revisités, des interprétations plus classiques, et des compositions personnelles.

Yeah, morceau d’Horace Silver, au thème entêtant, saxophone de Dmitry Baevsky, supporté par une rythmique alternant swing rapide, et ambiance jungle, type Night in Tunisia, ornementé de 2 interventions efficaces de Paul Morvan, qui signe là une belle entrée en matière.

S ‘ensuit Clockwise, de Cedar Walton. Ambiance apaisée.Thème mélancolique, très joli chorus de Dmitry Baevsky, suivi de près par David Wong.

Say you’re mine, belle balade de Duke Pearson, ou apparaît, le guitariste Hugo Lippi, complice de Paul Morvan, ainsi que Christelle Raquillet à la flûte, accompagnant le sax à l’unisson.

One for Kochte, composition de Paul Morvan, aux breaks déroutants. Sans doute, le morceau le plus moderne de cet album dans sa structure.

Koko, de Charlie Parker, morceau court et très dynamique, où Paul Morvan nous gratifie d’un  solo de batterie, sobre mais efficace.

Kneelin in the yards, composé par Paul Morvan, spécialement pour la guitare de Hugo Lippi. Trés belle ballade, toute en retenue, jouée en trio. Le morceau module indéfiniment, reportant à chaque fois la fin, et nous emportant vers une nouvelle destination. Un peu plus de 7 minutes, mais il aurait pu durer plus longtemps.Une réussite.

Let’s, standard de Thad Jones, swing rapide, bebop, ou Dmitry et Christelle se partagent l’affiche, David Wong leur succédant sur une walking bass . Ce morceau est typiqe de l’album : des chorus à profusion de chaque musicien…on se croit dans une session live.

Passport, encore Charlie Parker. Paul Morvan s’y exprime aux balais, en alternance avec les interventions de Dmitry.

Old folks, de William Robinson, les vieux amis, forcément une ballade mélancolique. Trés beau son feutré de Dmitry, une présence subtile de la guitare.

A Sleepin bee, morceau de Harold Arlen, clôture le disque sur un swing joyeux, enthousiasmant.

Cette première page en tant que leader est une réussite, un petit bijou d’équilibre, superbement illuminée par le saxophoniste Dmitry Baevski Souhaitons qu’il nous gratifie de nombreuses créations de ce niveau.

Titres :

01 Yeah
02 Clockwise
03 Say you’re mine
04 One for kochte
05 Koko 
06 Kneelin’ in the yard
07 Let’s
08 Passport
09 Old folks
10 A sleepin’ bee

Par Pierre-Yves Miroux

Label Fresh Sound New Talent

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