Gazette Bleue Week-End # 3
Bonjour ! Voici la troisième série de chroniques « week-end », toujours sous la plume de Sylvie Baudia.
Bonnes lectures !
La rédaction.
CANDIDE RÉÉDITE !
Par Sylvie Baudia
LES ANNÉES NAT HENTOFF À l’HONNEUR
Candid a réédité en 2023 plusieurs albums des « années Nat Hentoff », enregistrés à l’origine en 1960-1961 et remasterisés par l’ingénieur primé Bernie Grundman.
AU MENU CE WEEK – END, TROIS SUPERBES ALBUMS !
I – THE TOSHIKO MARIANO QUARTET
II – DON ELLIS – HOW TIME PASSES …
III – PHIL WOODS – RIGHTS OF SWING
https://www.candidrecords.com/collections/new-releases
I – THE TOSHIKO MARIANO QUARTET
UN ALBUM DE « HARP BOP JAZZ »
« Toshiko Mariano Quartet », est un album de la pianiste et compositrice Toshiko Akiyoshi, une artiste talentueuse de renommée mondiale, qui est une rare pianiste japonaise de jazz. C’est son 7e album en tant que leader de groupe et son deuxième avec le quatuor qu’elle a formé avec l’excellent saxophoniste Charlie Mariano, avec qui elle était alors mariée. Encore au début de sa carrière, elle jouait alors dans un style apparu dans les années 1950, le « harp bop ». Ce genre de jazz, mâtiné de be-bop, de gospel et de blues, se caractérise par une section rythmique forte, une improvisation mélodique et une forte influence blues. Accompagnés du contrebassiste Gene Cherico et du batteur Eddie Marshall, le couple Toshiko Mariano signe ici un superbe album, avec des solos de saxophone magiques et énergiques et un jeu de piano lumineux et fluide, un opus au ton enjoué et aux arrangements superbes. Les caressantes mélodies du saxo, le swing doux mais enlevé de la batterie, les superbes soli de la contrebasse mélodique, la fluidité du piano, rapide et fougueux, sont un régal.
Mélange d’intensité et de douceur, de rigueur et de sensibilité, la musique est ici vive, puissante et généreuse.
UN COUPLE DE MUSICIENS HORS PAIR : HISTORIQUE
À la tête d’une discographie très riche avec des musiciens renommés, Toshiko Akiyoshi est née en 1929, à Liaoyang, en Mandchourie. Après avoirappris le piano classique à l’âge de six ans et commencé à composet dès le lycée, elle émigre aux États Unis, où elle étudie au Berklee College of Music, à Boston, puis fait le « bœuf » avec les plus grands, de Max Roach à Miles Davis, en passant par Dizzy Gillespie ou Duke Ellington. Teddy Wilson est sa première influence et Bud Powell, son mentor.
Charles Hugo Mariano, dit « Charlie », saxophoniste alto et soprano, flûtiste et aussi compositeur, (1923-2009), est né à Boston, Massachusetts. Issu d’une famille d’immigrants italiens, il apprend très tôt le piano. Par ferveur pour Lester Young, il se met au saxophone, joue pendant trois ans dans la fanfare de l’armée et trois autres à la Schillinger House, qui est l’ancêtre de la Berklee School of Music. Ses premiers engagements réguliers datent de 1948. Il enseigne à la Berklee en 1960, après avoir fait partie du quintet que Mingus, génial contrebassiste et compositeur, dirigeait à Philadelphie. Avec lui, il a enregistré notamment « The Black Saint and The Sinner Lady », et « Mingus, Mingus, Mingus ».
DE SPLENDIDES MORCEAUX
De « When you meet her », aux belles envolées lyriques du saxophone qui répond au piano lumineux, à l’énigmatique « Long yellow road », en passant par « Little T », une très jolie composition du saxophoniste, dédiée à son épouse, et par le traditionnel « Deep river », ici magnifié, on se régale. De même, « Toshiko’s elegy » est une super composition, où brille le talent de la pianiste, tant au niveau de l’écriture que du jeu.
En bref, chaque morceau de cet album stellaire est magnifique.
Les musiciens :
Toshiko Akiyoshi : piano
Charlie Mariano : alto saxophone
Gene Cherico: contrebasse
Eddie Marshall : Batterie
Titres :
1.When you meet her
2.Little T
3.Toshiko’s elegy
4. Deep river
5. Long yellow road
Label : Candid
https://www.candidrecords.com/collections/new-releases
II – DON ELLIS – HOW TIME PASSES …
FUSION DE JAZZ CONTEMPORAIN ET DE MUSIQUE CLASSIQUE
Des années Nat Hentoff, Candid réédite le premier album du trompettiste et compositeur Don Ellis, « How Time Passes », qui est une fusion de jazz contemporain et de musique classique contemporaine. Le titre de l’album « How Time Passes » est tiré d’un article écrit par le compositeur allemand controversé Karlheinz Stockhausen sur la « fonction du temps ».
DU « POST BOP » AU « THIRD STREAM »
Don Ellis a commencé sa carrière à la fin des années 1950, a écumé les scènes de jazz d’avant-garde et « post-bop » et a joué dans les orchestres de Glenn Miller, Lionel Hampton et Woody Herman. On le retrouve sur des albums de Charles Mingus, de Georges Russel ou de Maynard Ferguson.
Repoussant les limites du jazz, il expérimente le « Third Stream », soit le « troisième courant » en français. C’est une fusion de jazz et de musique classique contemporaine, dont son album « How time passes » est un savoureux cocktail.
CINQ TITRES SUPERBES
Avec le titre « How time passes », l’album démarre sur les chapeaux de roues. Ce morceau au rythme rapide va en s’accélérant dans une course folle, qui rappelle l’urgence du temps qui file. « Sallie » est, quant à lui, doux et nostalgique, avec un super son de trompette,une contrebasse caressante, un pianodont les notes coulent comme un ruisseau, et où la batterie swingue, légère. « A simplex one » est un morceau très vif et dynamique. « Waste » a un rythme chaloupé fort appréciable. Avec toujours de magnifiques solos. Et aussi de superbes changements de rythme. L’album se termine avec « Improvisational suite #1 », qui, comme son nom l’indique laisse la part belle à l’improvisation. Un morceau aux sonorités quelque peu « free jazz », qui démarre calmement puis semble être gagné de folie. Une folie toutefois parfaitement maîtrisée. Pour notre plus grand bonheur.
Les musiciens :
Don Ellis : trompette
Jaki Byard: Piano, saxophone alto
Ron Carter : Basse
Charlie Persip: Batterie
Titres
- How time passes
- Sallie
- A simplex one
- Waste
- Improvisational suite #1
Label : Candid
https://www.candidrecords.com/collections/new-releases
III – PHIL WOODS – RIGHTS OF SWING
LE GÉNIE DU SAXOPHONE
À l’origine enregistré aux Nola Penthouse Studios à New York City en 1961, et dirigé par Quincy Jones, l’album « Rights of swing », a été réédité cette année par le label Candid.
Considéré comme l’un des meilleurs enregistrements de Phil Woods, le génie du saxophone, cet album est son neuvième en tant que leader du groupe de Quincy Jones.
Un album dynamique qui « donne la pêche ».
Surnommé « The New Bird », en clin d’oeil à Charlie Parker, Phil Woods a obtenu un diplôme en musique de Juilliard au début des années 1950. Il a rejoint les « Jazz Ambassadors« de Dizzy Gillespie sur invitation de Quincy Jones, dont il est ensuite devenu membre du groupe de tournée.
UN RYTHME TOUR À TOUR ENDIABLÉ ET TENDRE
Voilà un album en cinq parties qui démarre sur les chapeaux de roues avec un « prélude » endiablé, où le saxophone de Phil Woods déroule ses mélodies sur un rythme ultra rapide. On peut ensuite savourer une ballade romantique et tendre avec la deuxième partie, « ballad », au son aussi caressant que brillant d’un saxo magique. La troisième partie, qui s’appelle « Waltz », est superbe. La quatrième est aussi enjouée que plaisante, comme son nom l’indique : « Scherzo », qui signifie « plaisanterie » en italien. L’album se termine sur une cinquième et dernière partie à nouveau extrêmement rapide, « presto ».
En bref, « Rights of swing » est un régal. Avec un son magnifique ! Quelle excellente idée Candid a eu de rééditer ce disque !
Les musiciens :
Phil Woods : Saxophone alto
Benny Bailey : Trompette
Curtis Fuller : Trombone
Sahib Shihab: Saxophone bariton
Julius Watkins : Cor d’harmonie
Tommy Flanagan : Piano
Osi Johnson : Batterie
Buddy Cotlet: Basse
Titres :
- Prelude and part I
- Part II ( ballad)
- Part III (waltz)
- Part IV (scherzo)
- Part V (presto)
Label : Candid
https://www.candidrecords.com/collections/new-releases