Kidd Jordan & Masters of Improvisation – Live in New Orleans (au New Orleans Jazz Museum)

KIDD JORDAN : Sax Ténor
ALVIN FIELDER : Batterie
JOEL FUTTERMAN : Piano
STEVE SWELL : Trombone
8ème et dernière (provisoirement) production de Benjamin Lyons pour son label Valid, enregistrée le 24 janvier 2017, avec toujours l’indispensable Mark Bingham aux manettes.
Steve Swell désirait jouer et enregistrer avec le trio de Kidd Jordan, il avait déjà joué précédemment avec chacun mais jamais avec les 3 ensemble. Il en parle avec Benjamin Lyons qui trouve une petite salle équipée et confortable, et voici le résultat !
On ne va pas présenter Kidd que l’on a souvent croisé dans cette série dédiée à Valid et dont on connaît les nombreuses qualités musicales et son parcours de défricheur.
Certains connaissent Steve pour l’avoir entendu lors de ses nombreuses tournées en France. Le tromboniste est aussi poète, peintre, professeur et éducateur (cours de musique pour personnes handicapées). Actif à New-York depuis 1975, il a joué avec Lionel Hampton, Buddy Rich… aussi avec Anthony Braxton, Bill Dixon, Cecil Taylor, William Parker… Sa discographie comporte une 50ème d’albums et il est présent dans plus de 125 enregistrements. Bardé de prix multiples, il tourne fréquemment en Europe
Le batteur Alvin Fielder (1935-2019) vient d’une famille de musiciens basée dans le Mississippi, apprend la batterie à 12 ans avec Ed Blackwell tout en suivant des études de pharmacologie. Il joue avec les membres de l’AACM de Chicago dont il est l’un des fondateurs, joue aussi avec Sun Ra, Fred Anderson, Dennis Gonzales… et est resté très impliqué dans le monde du Free et de la musique improvisée.
Joel Futterman (Chicago, 1946) est un technicien hors-piste du piano (il joue aussi du bansuri). Gros bosseur (8 à 12 heures par jour). Avec une centaine d’enregistrements, il est considéré comme l’un des pianistes les plus novateur de la musique contemporaine… et le plus énigmatique. Influencé par T.Monk, il est proche de l’AACM et a joué avec Jimmy Lyons, Richard Davis, William Parker, joseph Jarman… Il a écrit 3 bouquins.
Le 1er morceau (Expansion) démarre avec quelques notes jetées dans l’espace, les notes sont rattrapées au vol, se regroupent et le son grossit, des fréquentes pauses de l’un, de l’autre, laissent le son s’intensifier pour venir ensuite renforcer l’aspect dramatique et évolutif de la composition. Kidd, toujours aussi rageur est soutenu par le jeu énergique et saccadé de la batterie qui ne le lâche pas d’une note. Le piano n’est pas en reste et appuie l’intensité de suspens qui emplit l’air de frappes graves, décalées et mystérieuses. Un solo aérien de batterie clos le titre.
Le trombone envoie la seconde plage (Residue). De longs étirements ponctués de coups de la batterie attentive. Le piano s’immisce dans la discussion qui s’anime et se construit comme une peinture abstraite. Un duo piano-batterie introduit le ténor qui s’ébroue et secoue les branches. Accalmie momentanée pendant que le sax égraine quelques phrases d’un blues lunaire entraîné par un piano énervé et l’arrivée du trombone proposant une autre direction d’exploration… Malgré la batterie fougueuse le tempo général reste médium… jusqu’à une nouvelle explosion d’intensité qui éclate les vagues repères en myriades d’étoiles qui éclairent la relation entre les instruments d’une nouvelle lumière éclatante. Bataille de vents qui finissent par se compléter dans un tendre échange sentimental, le blues n’est jamais bien loin… Le piano entraîne à nouveau un déferlement de notes, de coups, d’idées reprises, augmentées de celles qui emplissent l’air frémissant de joie de construire le présent instantané. Enfin le piano rassemble tout le monde à partir d’anacrouses pensives lâchées comme une réflexion sur un monde ancien et toujours actuel.
Les ‘Sawdust on the floor’ font un tapis moelleux et mouvant, poussières balayées par les vents contraires, soulevées par les arpèges sans sens du piano et cernées par les frappes précises du drums.
Le thème s’installe, encore et toujours le Blues, explosé, trituré, disséqué, mais omniprésent. Relent de gospel : ‘Sometimes l feel…’, dernier accord méditatif… Voilà tout ! Tout est là, une histoire de la musique qui assume ses origines justifiant son déploiement jusqu’à aujourd’hui.
Témoignage de la vitalité d’un jazz de près de 10 ans, pas une ride, prouvant que le Free/Musique improvisée a encore de beaux jours… et on aime ça ! On en redemande.
Benjamin nous a confié qu’il lui reste quelques bandes inédites. Il pense à les ‘mettre en ligne’ un jour ou l’autre… Nous attendons impatiemment l’évènement, les oreilles en alerte… À bientôt !
Chez : VALID Records
Par : Alain Fleche
https://validrecords.bandcamp.com/album/masters-of-improvisation
















