Yonathan Avishai quartet – Autour d’un piano
Centre d’animation Saint-Pierre – vendredi 6 octobre 2023 – 20h

Yonathan Avishai, piano
Gaetan Diaz, batterie
Louis Vandeen Laville, contrebasse
Jean-Marc Pierna, percussions
Yonathan Avishai pose deux accords à la délicieuse dissonance, tempo, tempo, tout simplement, obsède les accords, s’en imprègne, en dégage un thème délicat, comme une légère cavalcade. Le piano a proposé, les percu, batterie et autre contrebasse disposent. Alors ça swingue doucement, faut laisser faire, s’y glisser, y a d’la douceur, juste le goût de la rythmique, le presque pas met déjà en scène les couleurs chatoyantes de rumba…Toutes les mains du quartet sont dans le même mouv, l’emballement, c’est juste pour faire effleurer puis déborder le plaisir, tremolos du piano, frétillement. La contrebasse de Louis Van Deen Laville est partie dans sa danse, petits pas menus, charmants, à la légèreté futée.
Ils tapent ensuite dans leurs mains, la musique émerge déjà là, samba lumineuse, quelques notes incrustées par Yonathan et puis des accords déliés comme si le pianiste tapait lui aussi sur les congas de Jean-Marc Pierna, c’est un autre temps contre la précipitation, un ralenti joyeux qui profite du tempo, le caresse, le chatouille aussi. La batterie de Gaetan Diaz ponctue avec précision, pouvant être sèche comme sonore ; les petites accélérations sont là pour faire apprécier leurs descentes.
Yonathan est généreux, il n’y a pas de doute, quelques notes à peine et il fait signe à ses compagnons de voyage, allez-y, inventons… La batterie donne le tempo soutenu pour une musique road movie, mais en observant le paysage défiler, il faut se déplacer tranquille, afin de découvrir en fait tous les détails d’une vie ou d’une mélodie en train de se constituer…
Ils cherchent la naissance du rythme pour aller au plus près du swing, standards découpés en mode latino par ici, et par là. Ne pas s’y méprendre, les frappes sont sures, essentielles avec un superbe solo épuré du percussionniste à cet effet. Petits soleils soyeux, aux trajectoires douces puis agitées.
Yonathan a intitulé ce morceau Bienveillance, en réalité, ça irradie depuis le début du concert. Un démarrage ici comme une marche solennelle où on entend des accents moyen-orientaux et une belle gravité, sorte de volonté d’une prise de conscience, de la nécessité de l’attention aux autres et plus difficile, nous dit-il, à soi. Peut-être… Le thème est touchant, la précaution est prise pour choisir les accords, le tempo mesuré des autres musiciens pour entourer cette démarche.
Course folle, tempo à fond les ballons, à l’agilité constante, même si les quatre se déplacent très au-dessus de leur dextérité pour libérer le swing comme si tout était facile. Quelle bouffée d’air !
Une ange « rose » est passé sur les doigts feutrés inventifs de Yonathan, ça plairait à Edith Piaf. Et s’il y a une prière, c’est bien possible, elle est universelle.
Par Anne Maurellet