Festival Jazz 360, Jeudi 30 mai 2024 à Cambes

Jeanne Michard, saxophone

Clément Simon, piano

Natascha Rogers, batterie, percussions

Pedro Barrios, percussions

Maurizio Congiu, contrebasse

Ils commencent par le swing, histoire de nous mettre en jambe, et c’est parti. Une flambée fine, chaude et agréablement mesurée, échauffement réussi. La batterie, les percussions de Natascha Rogers et les bongos de Pedro Barrios se marient avec aisance, le piano et la contrebasse dansent pendant que le sax de Jeanne Michard virevolte.

Le piano de Clément Simon procède d’un chant d’oiseau printanier, accords légers, soignés. Le Latino imprègne progressivement la salle.

Le percussionniste lance un rap, sorte d’incantation poétique et politique, scansion ET traité sur le sens de la musique pour un peuple, scansion de mots ponctués par chaque instrument, tous complices, passion cubaine incluse.

Le rythme de Silvertrain new-yorkais suit les rails de la batterie et des percussions de Natascha Rogers, melting pot de visages entraînés par les wagons rapides, lieu d’une évocation distillée par le piano transmetteur de pensées vagabondes, nécessaires au quotidien hâtif. La contrebasse de Maurizio Congiu l’accompagne, quelques notes suffisent pour l’envol. La course prend alors les voies de traverse, fantaisie de l’imaginaire ; d’un trait de réel, il fabrique du rêve. Colorer le gris, révéler les gestes ordinaires, se sortir de la routine. Sacré programme !… Arrêt à la station, provisoire, on l’espère.

 Le souffle du sax de Jeanne Michard s’étend par sons somptueux et vibrations soudaines comme deux voix se courtisant, vélocité et suavité alternant, plusieurs influences mixées avec délicatesse pour un nouveau chant ouvert, précautions du jazz traditionnel se laissant habilement envahir par les tempos latinos, musique stylisée, découpe des sons raffiné.

Main dans la main, bien sûr pas envie de la lâcher ainsi conduit avec douceur, bienveillance, a-t-on le droit d’en avoir encore envie ? Par petites touches, pointillés charmants, chaque instrument marque la cadence, le piano, lui alors lyrique, peut s’évader. Ils avancent ensemble, dans l’écoute de l’autre, afin de faire œuvre commune. Joli programme. On suit !

Souvenir certain avec cet hommage au pianiste Alfredo Rodriguez : groovons, surfons, ils tanguent tous cinq, éclairant chaque son, chaque instrument, des clochettes suspendues aux cordes de la contrebasse ou attachées au pied gauche de Natascha Rogers sans oublier les lucioles au bout des doigts de Clément Simon… Laissez-vous envelopper dans un vent chaud, le chant de la sirène Jeanne traduisant les voyages et ses souvenirs, l’envol par une musique chatoyante et délicate. Pourtant les sons retrouvent leur simplicité, peut-être par la sincérité du propos musical.

Une berceuse vient susurrer à nos oreilles qu’il est bon de dormir quand la musique respire ainsi, proche du cœur, de la joie des percussions se balançant, d’une contrebasse qui raconte une histoire tendre, le piano toujours en pluie d’été et un sax à la plainte ténue avec un magnifique entrelacs vers le morceau suivant, danse esquissée aux circonvolutions désirantes, comptines, ritournelles, on ne sait plus, on se laisse entraîner, la contrebasse de Maurizio Congiu creusant un étonnant sillon.

 Avec Souviens-toi de tes rêves, l’espérance transpire dans le jeu de Clément Simon, entrée en matière de cette nostalgie volontaire : piano et sax accordés pour une revendication au droit à un monde meilleur, la batterie en révolte, et tous de chanter, chaloupant les mots comme leur musique, manifeste musical créatif.

Par Anne Maurellet, photos Alain Pelletier

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