VENDREDI 19 SEPTEMBRE 2025

18h – foyer communal
Drôles d’oiseaux
Didier FREBOEUF (piano)
Christophe BEAUSSET (batterie)
Guillaume SOURIAU (contrebasse)
Didier Fréboeuf commence par une ritournelle, berçante, appuyée sporadiquement par la contrebasse de Guillaume Souriau et quelques griffures de la batterie de Christophe Beausset. Le son dissone peu à peu, laissant s’immiscer l’étrange, main gauche de Didier maintenue pour que s’évade la droite, la batterie frémit, la contrebasse dessine son esquisse, des triolets entêtés sur le clavier réengagent la dynamique, l’accélération répétitive attrape le swing, la contrebasse et la batterie s’en saisissent. Les trois sont bien au centre de la course, on sent des éclats de joie dans les mains de Didier Fréboeuf avant de relancer le tempo. Un temps soudain de pause, que les notes les unes des autres prennent appui sur les silences pour swinguer entre elle, douceur et toucher à la Bill Evans, quelques accords justement disséminés sur le clavier, à faire fondre de plaisir.
La batterie de Christophe Beausset métallise, racle, gratte, rebondit, trépigne, occasion pour Didier Fréboeuf d’accords disons obliques. Tout couleur est un morceau en zigzag, la contrebasse de Guillaume Souriau tout aussi bancale, un régal ! Et ça continue de chanter dans les instruments.
Quatre notes, et le clavier de Didier danse déjà. Les mains sur la batterie pour Christophe, c’est physique le tango de Drôles d’oiseaux, mais la jambe s’attarde, suspendue pour mieux multiplier ses circonvolutions dans les doigts habiles de Didier Fréboeuf. Tourbillons, déhanchés improbables, le tango brille, tourne et retourne, pas assurés de la contrebasse de Guillaume Souriau qui prend ensuite la main pour poursuivre la chorégraphie.
Des accords printaniers pour Didier, la lumière tient à peu… La contrebasse est enjoyeuse. Le pianiste trouve toujours un chemin lumineux. Si le thème revient tel un refrain, c’est pour mieux imprégner la mélodie dans le morceau et l’espace. Une Variation de la pesanteur.
Avec Cadavres exquis, ils démarrent à fond tous trois puis retiennent le swing par quelques accords, et rebelotent. Notes et accords fous pourtant si finement déployés sur le clavier avec une même frénésie pour la batterie et la contrebasse. Il y a du jeu la-dedans. Ça s’appelle Cadavres exquis…
Quelques notes encore, simples et somptueuses, une montée solennelle du piano, une batterie nerveuse mais atténuée par les balais circulaires. Puis, un passage ouvert vers une musique atmosphérique, des nappes rêveuses -quand le jazz transporte !- Des effluves sahariennes, un vent un peu fou et suave qui n’empêche pas des tourments. La batterie de Christophe Beausset assure les variations de direction, contrebasse et piano jouent les mêmes notes fugaces afin que la traversée se poursuive.
Magnifiques compositions délicates. Nous ne sommes pas encore redescendus.

20h30 – foyer communal
Anne Quillier sextet. Argot lunaire
Anne QUILLIER (piano)
Fany FRESARD (violon)
Nicolas MARY (basson)
Pierre HORCKMANS (clarinettes)
Michel MOLINES (contrebasse)
Guilhem MEIER (batterie)
Bête et féroce est un morceau cahotant qui porte bien son titre, une musique intermittente…hachée, la batterie de Guilhem Meier en percussionne… Les compositions volontairement foutraques conduisent l’énergie de chacun. Le solo d’Anne Quillier se construit comme un millefeuille, des volutes superposées, peu à peu suivie par le violon suffoquant de Fany Fresard, le choix de la désarticulation pour une cacophonie mélodieuse. Le piano frémit parfois, bruisse. Tous se rejoignent pour haleter.
Le violon bourdonne, sillonne, Les bols de la batterie sonnent et batifolent avec la clarinette basse de Pierre Horckmans, fureteuse. Le temps se décompose ainsi avec ce sextet, horloge déglinguée, peut-être le nostalgie du futur. Les instruments frémissent tous, fébriles, dans une transe, Pantomime -ou un microcosme-.
En Echo, un commencement métallique pour le violon et la clarinette basse, le basson de Nicolas Mary allonge ses sons, la contrebasse de Michel Molines swingue lentement, le piano incruste sa gestuelle contemporaine, presqu’en valse lente.
Par Anne Maurellet, photos Alain Pelletier (tamkka)
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